Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/84

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Assez pour, si j’ai tort, prouver mon ignorance,
Assez pour t’offenser, si je t’ai fait offense.


Le Potier.

M’offenser ! que dis-tu ? j’écoute comme un chant
Ce que tu dis de pur, de juste et de touchant !
Laisse couler encore, ô vierge, ton discours !
Qu’aucun scrupule vain n’en suspende le cours !
Je sens, dans mon esprit trop souvent tourmenté,
Passer, délicieuse, une eau de vérité ;
Ce flot, en m’apportant la beauté de ton cœur,
M’emplit d’une nouvelle et divine lueur.
On dirait qu’il y a des clartés dans ta voix !
Et voici qu’au delà de mes projets étroits,
Je vois d’autres desseins à demi discernés,
Comme des horizons brumeux sont devinés
Parce qu’un seul rayon emplit d’or leurs ruisseaux !
Oui, c’est un piédestal plus ferme à nos travaux
S’ils savent, tout d’abord, s’asseoir et s’assurer
Sur ce qui, dans nos jours, est digne de durer !
Mon cœur envers le tien ne serait qu’un ingrat,
S’il ne voyait, instruit par ce nouvel éclat,