Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/92

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Que ta parole, ô vierge, a fait vivre à mes yeux !
Je tenterai du moins ! Si mon labeur heureux,
Protégé par le ciel, mais inspiré par toi,
Approchait du tableau que ton esprit conçoit,
Aucun roi ne pourrait payer par un poids d’or,
Cet humble tas d’argile, inerte et morte encor,
Qui parmi les chefs d’œuvre irait prendre son rang !
Mais que ton cher regard — si ma main entreprend
Une tâche au-delà de son don de créer,
Et n’offre qu’un essai qu’il ne puisse agréer —
Que ton regard très cher me demeure indulgent,
Et qu’il te ressouvienne, ô vierge, en me jugeant,
Que je n’ai tant osé qu’en suivant ton conseil,
Et que mon insuccès est pourtant un éveil !


Quel que soit mon travail, il en sera meilleur,
Fait avec plus de foi, de fierté, de ferveur,
Si je puis espérer, vierge, que, cette fois,
Tu seras sans dédain pour une œuvre où mes doigts
Seront les ouvriers d’un effort plus soigneux
De charmer ton esprit en plaisant à tes yeux.
Voudras-tu l’accepter, en don reconnaissant
Du bien que tu m’as fait, douce amie, en passant