Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le Potier

Suspends ton ironie, et laisse-moi finir !
À cet époux assis qui ne peut assouvir
Ses yeux du cher regard sur le sien abaissé,
Qui, contre sa poitrine, en ses mains, a pressé
La main abandonnée où brille l’anneau d’or,
À l’époux qui donna son inlassable effort
Pour qu’il fût par l’épouse en bonheur récolté,
À l’époux, dont le front, montre, sous sa fierté,
La gratitude envers celle qui sut l’aider,
L’aimer, le consoler, l’enchanter, le guider,
Et qui fut son soutien en s’appuyant sur lui,
Celle pour qui son bras a défriché, construit,
Ensemencé, fauché, moissonné, combattu,
Et contraint la fortune, ô vierge, le veux-tu ?
Veux-tu qu’à cet époux je donne aussi mes traits.
Et qu’un jour, quand la stèle, à l’ombre des cyprès,
Dira ces deux destins l’un par l’autre accomplis,
Les deux noms que liront les passants recueillis
Devant ce pur tableau qui les arrêtera,
Les noms que leur respect sur leur lèvre unira,
Ô vierge, soient ton nom inscrit auprès du mien ?


Hélas ! Ton long silence, est-il donc du dédain ?