Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La Jeune Fille.

Non ! Ton propos m’est cher ! Mais mon âme est troublée,
Et cette émotion, de surprise mêlée,
La rend tumultueuse, à la fois et timide !
N’exige pas, ami, que ma bouche décide
Par des mots que leur son change en bronze imbrisable,
Alors que mon esprit est flottant comme un sable
Saisi par le remous dans lequel il tournoie !
Donne-moi quelque temps, et permets que je voie,
Quand mon être apaisé sera plus calme et ferme,
Ce qu’il contient vraiment. Ce n’est pas un long terme
Vers lequel ma réponse hésitante recule,
Et peut-être ce n’est, ô potier, qu’un scrupule
Qui contraint ma parole à se vouloir plus sûre !
La distance d’un mois est la brève mesure
Que mon étonnement de ton désir réclame ;
El tu sauras alors si je serai ta femme !


Le Potier.

Ce temps semblera long à mon cœur suspendu.
Et, quelque court qu’il soit, c’est du bonheur perdu