Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/146

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L’évanouissement de leur mirage éteint.
Dans cet espace infime où tu le crois restreint
Il peut trouver bien plus qu’en sa large espérance !
Que s’en prenant au mal qui près de lui commence,
Dévouant sa tendresse à la douleur qu’il voit,
Ton cœur se satisfasse en un bienfait étroit,
Plus qu’aux ambitions d’un bien qui veut s’étendre
Jusqu’au point trop lointain où l’amour n’est plus tendre !
Porte le baume et l’huile et les mots consolants,
Jusqu’où peuvent tes pas que l’âge fait plus lents ;
Et, sans sortir du champ de leur brève distance,
Récolte autour de toi ta moisson de souffrance !
Condense et réunis dans le bien que tu fais
La douceur qui flottait dans ton rêve de Paix ;
Cet apetissement te la rendra grandie,
Comme un simple cristal semble à qui l’étudie
Plus vaste et plus complet que des sables épars !
Et si des deux côtés tu jettes tes regards,
De ce défi superbe où tu braves un monde
À cet humble souci dont chaque heure est féconde,
Des éveils attentifs et fins de la bonté
Au stoïcisme égal du destin accepté,
Tu verras une vie aussi belle et fertile
Qu’aucune vie où peut s’ennoblir notre argile.