Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui viennent d’un charnier avec des becs rougis.
Esclaves insensés ! Dans leurs hymnes rugis
Ils roulent des défis, de nouvelles menaces !
Quel vin est donc le sang pour que les populaces
De sa vendange rouge aiment à s’enivrer,
Prêtes, pour en avoir, à s’entredéchirer !
Ne viendra-t-il jamais le Temps qui sera digne
De briser le pressoir et d’arracher la vigne ?

La porte du temple s’ouvre et laisse paraître un homme dans la jeune maturité qui est plus près de trente que de quarante ans. Il est vêtu d’un riche costume de stratège : un grand manteau de pourpre, rejeté en arrière, laisse resplendir une cuirasse d’apparat ciselée d’or ; son front est ceint du double rameau de laurier.

Il s’arrête, sur le parvis, entre les deux colonnes garnies de trophées, et y demeure pensif un long moment. Puis descendant lentement les degrés, il s’éloigne, le front penché, et passe auprès du vieillard sans l’avoir aperçu.


Le Vieillard.

Salut à toi, guerrier !