Page:Angellier - Dans la lumière antique, Les Épisodes, p1, 1908.djvu/43

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Méchant des quatre fers, le plus dur de sa race.
Si je veux le chasser et si je le tracasse,
Il va, malignement, bondir, se dérober,
Et quand je l’aurai pris, se cabrer, regimber ;
Le champ entier sera foulé par la bataille
En aire où les fléaux n’ont laissé que la paille !
Si le maître connaît de qui vient l’animal
L infortuné vannier paiera cher le régal
Que prend complaisamment sa malfaisante brute ;
Et la peur de lui nuire, en moi-même, discute
Avec la peur d’avoir pour moi le coup de vent.
Tant pis ! je subirai l’orage en préservant
Dans l’imprudent vannier l’auteur de la vannière !
L’air est chargé de poings armés d’une lanière
Si, rentrant pour souper, le fermier passe ici.
Il a lourde la main, et le bras sans merci ;
Même le grand bouvier, Philémon, le redoute !
Ô Pan ! fais que ce soir, il prenne une autre route,
Et, dans la paix du cœur, qu’il goûte son repas,
Afin que, le matin, en voyant ces dégâts
Qui me feront pousser des appels de surprise,
Contemplant d’un œil noir sa moisson compromise
Plus que par des milliers et des milliers d’oiseaux,
Il maudisse à la fois vaches, chèvres, pourceaux,