Page:Angellier - Dans la lumière antique, Les Épisodes, p1, 1908.djvu/42

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Et de ma gauche audace et de son prompt courroux,
Et même son maintien est plus grave et plus doux
Et presque affectueux. Mais cela m’intimide,
Je m’apparais encor plus lourd et plus stupide.
Elle part, ces jours là, d’un pas lent, et souvent
Se retourne et parfois sa marche se suspend,
Tandis qu’elle me fait de sa main blanche un geste
De bonsoir amical plein d’une grâce agreste.
Quand elle a disparu derrière les taillis,
C’est l’heure où les oiseaux chantent en gazouillis
Plus excités avant le silence nocturne,
Je demeure à demi-malheureux, taciturne,
Sans reprendre mes yeux de ce dernier regard.
Et j’arrive au souper de la ferme, en retard.


Holà ! Qu’est-ce ? ô dieu Pan, à mon secours ! un âne
Est au milieu des blés ! Il y broute, il y flâne,
Il s’y roule à présent ! Éloigne-le, dieu Pan !
Que faire ? si j’y vais, il fuira, galopant
À travers tout le champ, accroissant le dommage !
Le dégât commencé deviendra du saccage.
Ah ! je le reconnais ! c’est celui du vannier :
Grand, maigre et noir, un âne ombrageux, rancunier,