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infligée là où la femme vivait ou bien dans l'endroit où le scandale avait été notoire K Mais il eut toute sa vie ce mérite de ne pas essayer d'éluder les conséquences de ses folies. Bravement, il alla de lui- même prendre place à côté de celle qui était humiliée à cause de lui.

Devant la Congrégation entière, Je répondis à l'appel loyalement;

Ma belle Betsy à mon côté,

Nous reçûmes une rare antienne ;

Mais, par amour d'elle, je fais ce vœu,

Et je jure solennellement

Que, tant qu'il me restera une couronne.

Elle est bienvenue à la partager 2.

On peut imaginer la scène : Les deux coupables attendaient à la porte de l'église jusqu'à la fin de la première prière ; le sacristain les faisait alors entrer et les conduisait à l'escabeau où ils recevaient leur répri- mande et demeuraient pendant tout le sermon, exposés à tous les regards ^. Ils étaient reconduits dehors avant la prière de la fin. On voit la femme, essayant, la tête baissée, de cacher sa confusion, et, à côté d'elle, le front haut, et avec un air de défi, ce jeune paysan dont les yeux noirs devaient laisser paraître d'étranges menaces de colère et de dédain.

Des châtiments de ce genre n'étaient pas faits pour dompter une âme altière et fougueuse comme celle-là. Burns sortit de cette réprimande exaspéré contre ceux qu'il appela, à partir de ce moment, des hypocrites, avec je ne sais quel air de fanfaronnade et de bravoure, affectant de se glorifier plutôt que de se repentir de ce qu'il avait fait et proclamant qu'il recommencerait dès qu'il en aurait l'occasion. C'est ce qu'il déclarait à son ami John Rankine, en lui racontant dans une épître comment les choses s'étaient passées. C'est la première de sa charmante série d'épîtres, et la première pièce importante composée àMossgiel. Il reproche d'abord à son correspondant de griser abominablement les saints et de leur faire dire ensuite les mille et une horreurs. Ce vieux coquin de Rankine, qui était coutumier de ces tours, avait en effet, quelque temps auparavant, offert à un édifiant personnage un verre de todf/i/ , c'est un mélange de whiskey et d'eau chaude. Mais il avait eu soin de faire verser du whiskey dans l'eau de la bouilloire, en sorte que plus le dévot pensait rallonger son verre, plus il le corsait et qu'il fut ivre de fond en comble, au parfait ébaudissement de Rankine*. Comme

1 Chamberlajne. Magnœ BrUanniœ Nolilia, Part 11, Book 11, Mcthod of Discipline.

2 Voir la noie de Scott Douglas dans son édilion de la vie de Buins de Lockhart, p. 55.

3 Ch. Rogers. Scotland Social and Domeslic, p. 352.

4 Scott Douglas, vol. I, p. Tl.