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Puisse Dieu tout puissant lui pardonner son ingratitude et son parjure envers moi, comme du fond de mon âme, je lui pardonne ; et puisse sa grâce être avec elle et la bénir dans l'avenir. Je n'ai pas de plus exacte idée de l'endroit des châtiments éternels que ce que j'ai ressenti dans mon âme à cause d'elle. Je me suis jeté dans toutes sortes de dissipations et d'orgies, réunions maçonniques, assauts de boire et autres folies pour la chasser de ma tète et tout cela est vain. Et maintenant, au grand remède ! Le navire est en train de revenir qui doit m' emporter à la Jamaïque, et alors adieu, chère vieille Ecosse, adieu, chère ingrate Jane, car jamais, jamais plus je ne vous reverrai i. »

Et le 9 juillet, il écrivait à un autre correspondant, son ami John Richmond d'Edimbourg :

" J'ai été pour voir Armour depuis qu'elle est de retour, nullement eu vue d'une réconciliation, mais simplement pour m'informer de sa santé, et à vous, je puis le confesser, par suite d'une sotte et importune tendresse fort mal placée sans doute. La mère m'a interdit la maison et Jane n'a pas montré le repentir auquel on aurait pu s'attendre^. .

Et ailleurs encore :

La pauvre Armour est de retour à Mauchline. J'ai été pour la voir et sa mère m'a interdit la maison ; elle n'a pas exprimé beaucoup de regret de ce qu'elle a fait^. '>

Comme on sent, sous ces faux prétextes, le besoin de la revoir, de se rapprocher d'elle ! Ainsi donc Jane revenue avait trouvé la nouvelle affection mal affermie, avait eu pour complices des souvenirs trop récents encore, s'était réinstallée dans ce cœur incertain.

En même temps, Burns dut subir la seconde réprimande publique. En détruisant l'acte de mariage, le vieil Armour avait rendu irrégulière la situation de sa fille et de Burns ; il en avait fait deux délinquants. Burns, sur le point de quitter le pays, aurait pu se soustraire à cette punition. Mais il tenait à obtenir un certificat de célibat et cette céré- monie était l'attestation même de sa liberté ^. Il s'y soumit donc. Il eut à comparaître plusieurs fois à l'église. La dernière fut le 6 août. Voici du reste, avec la suite des procès-verbaux dont nous avons parlé plus haut, la suite et les détails caractéristiques de cet épisode :

Juin, le tt . — La session, étant informée que Jane Armour est enceinte, ordonne à son officier de la convoquer pour le prochain sabbath.

Juin, le 18. — Conseil de session. Jane Armour convoquée n'a pas paru mais a envoyé une lettre adressée au Ministre de la paroisse, dont la teneur est ainsi que suit:

Révérend Monsieur,

Je suis sincèrement affligée d'avoir donné et de devoir donner à votre session du

1 To David Brice. 12t»i June, nSG.

2 To Johti Hichmond. 9th July, 1786.

3 To David Brice. nih Julv. 1786.