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Vous tous qui vivez en vidant les verres,

Vous tous qui vivez en rimant les vers,

Vous tous qui vivez sans jamais réfléchir.

Allons, pleurez avec moi ;

Notre camarade nous fausse compagnie

Et va par delà les mers.

Pleurez-le, ô troupe joyeuse ,

Qui chèrement aimez, par ci par là, une bordée ;

Il ne se joindra plus aux éclats joyeux,

Dans le ton sociable ;

Car il est parti pour un autre rivage ,

Par delà les mers.

Les jolies filles peuvent bien le pleurer ,

Et dans leurs plus chères prières le placer,

Les veuves, femmes, toutes peuvent le bénir

D'un œil plein de larmes ;

Car je sais bien qu'il leur manquera beaucoup,

Par delà les mers.

Il vit le froid nord-ouest du malheur

Longuement rassembler une amère rafale ;

Une coquette enfin lui brisa le cœur,

Malheur lui en advienne !

Alors , il prit passage, devant le mât.

Par delà les mers.

Trembler sous le gourdin de la Fortune,

N'avoir que peu d'eau et de farine pour s'emplir le ventre,

  • Avec son humeur fière, indépendante,

S'accordent mal ;

Alors, il se roula les fesses dans un hamac.

Par delà les mers.

Gens de la Jamaïque, traitez-le bien,

Trouvez-lui un bon abri confortable,

Vous trouverez en lui un bon garçon

Plein de joyeuseté ,

Qui ne voudrait pas faire mal au diable.

Par delà les mers.

Adieu ! mon camarade, faiseur de rimes ,

Votre sol natal fut de mauvais vouloir.

Biais puissiez-vous fleurir comme un lis

Maintenant et prospérer !

Je boirai mon dernier gobelet à votre santé,

Par delà les mers^.

Mais il était incorrigible. En même temps que son esprit reprenait un peu de calme, il reprenait sa veine de galanterie, séduit au point de

^ On a Scotch Bard gone lo Ihe west Indien.