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et triste, qui gardait des troupeaux dans la forêt d'Ettrick. A Glasgow Robert Stevenson, le grand ingénieur de phares, Mac Crie, l'historien de John Knox, avaient quatorze ans ; James Mill, le père de Stuart-Mill, l'auteur (ï une ffistoif-e de VInde, en avait treize ;Tannahil, le doux chanteur, en avait douze et travaillait déjà dans sa pauvre famille de tisserands à Paisley ; Alexander Murray, le philologue, en avait onze ; il vivait dans une hutte, au bord du lac perdu de Palneur, où son père, pauvre berger, lui avait appris ses lettres avec un bout de bois charbouné. John Leyden, le charmant poète des Scènes d'BnfancesLYdiitoa7.e ans; John Struthers, le poète du Sabbat du Pativre, en avait dix et depuis deux ans déjà gardait les vaches ; Thomas Campbell, l'impeccable et exquis poète, dont l'œuvre comme une statuette d'ivoire est petite et parfaite, en avait neuf; ainsi que le futur sir John Ross dont le nom est lié à l'histoire des expéditions arctiques. Thomas Brown, le métaphysicien, John Thomson (jui fut plus tard ministre et un véritable peintre , Andrew Ure, le chimiste, avaient huit ans ; John Galt, le romancier, notre auteur des Annales de la Paroisse, en avait sept et grandissait à Irvine où nous avons vu Rurns ; Thomas Chalmers, le théologien, le puissant prédicateur, était âgé de sept ans; David Rrewster, l'éminent écrivain scientifique, de cinq; William Tennant, le poète, de quatre ans. Enfin David Wilkie, le peintre, le Teniers anglais comme on l'a appelé, Allan Cunningham, le futur biographe de Rurns, John Wilson, le célèbre Christopher North, le poète, l'essayiste, le critique, l'athlète dont les exploits physiques sont incroya- bles, l'auteur de Y lie des Palmes et des Noctes Ambrosianœ, étaient des enfants «miaulant et piaillant dans les bras de leur nourrice», selon l'expression de Shakspeare. C'était, dans toute la longueur et la largeur de ce petit pays, un foisonnement intellectuel dont l'Ecosse sera longtemps fière. Cette génération grandissante ne devait pas, comme celle qui la précédait, se grouper tout entière à Edimbourg et s'y attacher. Le « vorace Londres * » allait en dévorer une partie. Edimbourg, tout eu con- tinuant à produire des hommes de première valeur, ne les retiendra plus tous ; on pourra inscrire sur cette puissante ruche :

Sic vos non vobis meliiflcatis apes.

Mais en 1786, au moment où nous sommes, ce mouvement d'émigration vers Londres était à peine sensible, et la ville de lîume et d'Adam Smith, de Rlair et de Robertson, de Hutton et de Rlack, de Dugald-Stewart et de Mackenzie, d'Erskine et de Fergusson, était encore la métropole intellectuelle de l'Ecosse.

Cette vie intellectuelle si intense était encore activée, resserrée par

3 Lord Gockbum. Memorials, p. 159. — Voir aussi p. 181-82.