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la mère de Burns qui étaient à la ferme profitaient des leçons. William Burnes essayait de continuer lui-même l'éducation de ses fils. Il est beau de voir comment cet homme, dévoré de soucis et livré à ses propres ressources, essayait, malgré tout, de diriger ses enfants. Quand ils l'accompagnaient dans ses occupations de la ferme, il causait avec eux de tous les sujets, comme s'ils avaient été des hommes; il essayait de mener la conversation sur tout ce qui pouvait augmenter leur savoir ou les affermir dans des habitudes de vertu. Il avait emprunté pour eux un manuel de géographie, et s'efforçait de leur faire connaître la situation et l'histoire des diverses contrées du globe. A un cabinet de lecture d'Ayr, il se procurait la Théologie physique et astrale de Durham , la Sagesse de Dieu dans la Cnation de Ray, pour leur donner quelque idée d'astronomie et d'histoire naturelle. Il avait souscrit chez un libraire de Kilmarnock à \Histoire de la Bible de Stackhouse. Jusque dans les personnages secondaires, on retrouve cette soif d'apprendre et, du fond de' ce tableau si curieux, sortent de toutes parts des détails qui en complètent l'impression. Un frère de la mère de Burns, qui était resté quelque temps à la ferme, en avait profité pour apprendre lui-même un peu d'arithmétique, « à la chandelle des soirs d'hiver, » comme dit Gilbert. Il s'en va un jour à Ayr, dans une boutique de libraire, pour acheter un guide du calculateur ou quelque parfait secrétaire du temps. Il s'explique mal ou le marchand se trompe, et il emporte un choix de lettres des principaux écrivains auglais. Comme tous les livres qui entraient dans la maison, celui-ci passe par les mains de Burns, et c'est sans doute à l'impression qu'il en reçut qu'on doit sa correspondance qui fut , peut-être, pour lui un travail plus sérieux que sa poésie ^ Une des plus grosses dépenses de cette famille si pauvre était l'achat de quelques livres.

En 1772, une bonne nouvelle arriva : Murdoch, qui a été si longtemps absent, dont on a si souvent parlé, qui a séjourné dans le Carrick, puis à Dumfries, Murdoch revient à Ayr. Sur cinq candidats, il a été choisi pour être professeur à l'école de la ville. C'est un ami qui est rendu ! Il n'a pas oublié ses anciens élèves. Il leur envoie en cadeau les Œuvres de Pope et quelque autre poésie. C'est la première qu'ils aient entre les mains, depuis le recueil de la petite école d'autrefois. William Burns profite du retour de son jeune ami pour lui envoyer son fils aîné, qui se perfectionnera avec lui et pourra, à son tour, servir de maître à ses frères et sœurs. Mais le travail presse et on ne peut guère disposer que des quelques semaines qui précèdent immédiatement la moisson. Aussitôt qu'on commencera à faucher, Robert, qui fournit la besogne d'un homme, devra être à son rang, à l'aube, quand la file des

1 Gilbert's Narrative.

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