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menls reste une chose également mystérieuse. On a trouvé dans ses papiers une pièce de vers écrite tout entière de sa main et intitulée Élégie sur « Stella ». Elle était accompagnée de ces mots: « Le poème suivant est l'œuvre d'un infortuné fils des Muses qui méritait un meilleur destin. Il va beaucoup de « la voix de Cona » dans ses notes solitaires et tristes ; et si les sentiments avaient été revêtus du langage de Shenstone, ils n'auraient pas fait tort même à cet élégant poète* «.Les détails s'appliquent si parfaitement à son amour avec Mary, à l'endroit où elle était enterrée , aux circonstances de ce voyage, qu'on peut avec toute vraisemblance rattacher cette production à ce moment-ci. Si on se rappelle avec quel soin il a toujours dissimulé ce passage de sa vie, on peut voir, dans la façon ambiguë dont il parle de l'auteur, une preuve de plus que ce poème y avait trait.

Uni est l'endroit et verte la terre

D'où mes chagrins découlent ;

Et profondément dort la toujours chère

Habitante, là dessous.

Pardonne mes transports, douce ombre,

Tandis que je m'incline sur ce gazon ;

Ta demeure terrestre est étroite

Et solitaire maintenant.

Pas une pauvre pierre pour dire ton nom,

Et faire connaître tes vertus;

Mais qu'importe à moi, à toi,

La sculpture d'une pierre ?. .

Aux extrêmes limites de notre île.

Baignées par la vague de l'ouest,

Touché de ton destin, un poète songeur

Est assis seul près de ta tombe.

Pensif, il voit s'étendre devant lui

La mer vaste, illimitée ;

Ses mots de deuil sont emportés

Sur la rapide briise.

Lui aussi, la dure poussée du Destin

Irrésistiblement l'emporte ;

Et le même flux rapide submergera

Le poète et sa chanson.

La larme de pitié qu'il répand

Il ne la réclame pas pour lui ;

Que ses pauvres restes soient seulement couchés

Dans une tombe obscure.

1 Note de Burns en tête de l'Elégie.