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historique, la tète pleine des visions de la royauté d'autrefois, qui hantent le vieux palais*. Il était dans un état d'excitation très grand. Lorsqu'il fut rentré à l'auberge, il n'y tint plus et, selon la singulière habitude qu'il avait prise depuis quelque temps d'écrire sur les vitres avec le diamant qu'il avait au doigt, il traça les vers suivants :

Ici, jadis, les Stuarts régnèrent glorieux, Et ordonnèrent les lois pour le bien de l'Ecosse ; Mais maintenant, sans toit, leur palais subsiste,

Leur sceptre est tenu par d'autres mains ;

Il est tombé, en vérité, tombé juscpi'à terre,

Où les reptiles rampants prennent naissance.

La lignée malheureuse des Stuarts est partie ;

Une race étrangère occupe leur trône,

Une race idiote, perdue d'honneur ;

Qui la connaît le mieux la méprise le plus 2.

C'était une insulte bien gratuite à la famille régnante. C'était en même temps une grosse imprudence. Ces vers firent plus de bruit que Burns probablement ne s'y attendait. Ils furent copiés , reproduits et attaqués dans des journaux. Quelques mois après, quand il fît des démarches pour entrer dans l'excise, on les lui rappela : « J'ai été interrogé comme un enfant sur mes affaires, et blâmé et tancé pour mon inscription sur la fenêtre de Stirling^. » Qui sait même le mal qu'ils lui firent? Bien qu'il soit difficile de déterminer les possibilités manquées, on ne peut s'empêcher de penser que, sans cet outrage, il eût pu avoir du gouvernement une de ces pensions données alors aux hommes de lettres, à laquelle personne n'avait plus droit que lui, qu'il n'obtint jamais et qui eût changé sa vie. Mais pour le moment il ne s'inquiétait pas de ces choses futures, et il continua sa route, tout entier aux choses du passé.

Cette ardeur patriotique persista pendant la plus grande partie du voyage ; elle en est même la note caractéristique. De chacun des champs de bataille qu'il visita, et ils ne manquent point sur cette route qui pénètre dans les Hautes-Terres, Burns semble avoir rapporté de durables impres- sions. Elles ne se manifestèrent pas à l'endroit et au moment mêmes ; ainsi que l'ode de Bruce, elles attendirent leur heure d'inspiration. Mais dans ses chansons reparaissent presque tous les noms de ces combats.

En sortant deStirling, près de la petite ville de Dunblane, il rencontra l'endroit où, lors de la première révolte jacobite de 1715, fut livrée la bataille de Sheriffmuir. Ce fut une singulière bataille. L'armée jacobite

1 Voir la lettre du D"^ Adaras à Currie. Life of Burns, p. 40.

2 Written by Somcbody on Ihe Window of an Inn al Slirlimj^ on sceing Ihc Royal Palace in liuins.

■i To Clarinda, 21t-i» Jan. 1788.