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l'impossibilité de la vie. Mais, au lieu de laisser ce sentiment dans le paysage en conservant à celui-ci sa grandeur, il l'en a extrait, l'a encore rapetissé en l'appliquant à un détail. Il imagine que ces cascades de Bruar, fâchées d'être appauvries par le soleil, demandent à leur proprié- taire, le duc d'Athole, de planter leurs rives d'arbres, afin que les poissons ne meurent pas sur les pierres desséchées , que les oiseaux y trouvent un abri , le lièvre une cachette , les amoureux de l'ombre et le poète un endroit où il puisse rêver.

My lord, je le sais, votre noble oreille

Ne résiste pas à la souffrance ;

Enhardi ainsi, je vous prie d'écouter

La plainte de votre iiumble serviteur :

Comment les rayons brûlants du hardi Phébus ,

Flamboyants d'orgueil eslival;

Séchant, flétrissant tout, épuisent mes ruisseaux écumsnts,

Et boivent mon flol de cristal...

Hier je pleurai presque de dépit et de rage

Quand le poète Burns arriva,

De ce que je me faisais voir à un barde

Avec mon canal à demi sec ;

Je le sais, un panégyrique en rimes

Me fut promis, tel que j'étais;

Mais, si j'avais été dans ma splendeur.

C'est à genoux qu'il m'eût adoré.

Ici, écumant, tombant de rocs fendus,

Je cours en détours puissants;

Là, mon torrent bouillonnant jette une haute fumée,

Mugissant sauvagement en une cascade ;

Quand je reçois toutes les sources et les fontaines

Telles que la Nature me les a données.

Je vaux , bien que je le dise moi-même ,

La peine qu'on fasse un mille pour me venir voir.

Si donc mon noble maître voulait

Combler mes plus hauts souhaits,

11 ombragerait mes rives de hauts arbres,

Et de jolis buissons épandus. Alors, avec un double plaisir, my lord,

Vous errerez sur mes rives,

Et écouterez maint oiseau reconnaissant

Vous dire des chansons de gratitude.

La grise alouette, gazouillant follement,

S'élèvera vers les cieux ;

Le chardonneret, le plus gai des enfants de la musique,

Se joindra doucement au chœur,

Au merle fort, à la grive claire.

Au mauvis doux et moelleux ;