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j'ai obstinément résisté à leurs attaques pendant bien des jours de dur labeur et toujours ma devise est <' je défie '^. i
L'autre cause était plus intime et peut-être plus loin de tout remède ou de toute chance heureuse. C'était la conscience de son incapacité à se diriger, qui, en s'unissant à sa situation difficile, lui donnait un âpre mécontentement de son sort.
Mon pire ennemi est moi-même ^. Je suis si misérablement ouvert aux attaques et aux incursions d'une troupe de bandits malfaisants , armés à la légère et bien montés , sous les bannières de l'Imagination , de la Fantaisie et du Caprice ; et les vétérans réguliers, lourdement armés, de la Sagesse, de la Prudence et de la Prévoyance, se meuvent si lentement, si lentement, que je suis dans un état de guerre presque perpé- tuelle et, hélas ! de défaite fréquente. 11 y a juste deux créatures que j'envierais : un cheval sauvage traversant les forêts d'Asie, ou une huître sur quelque grève déserte de l'Europe. Le premier n'a pas un désir sans sa jouissance ; la seconde n'a ni désir ni crainte.
Vers la fin de Janvier , dans les jours qui précèdent sa quatrième entrevue avec Clarinda, une véritable explosion d'amertume éclate en lui. Ni Chateaubriand, ni Byron, n'ont exprimé la lassitude et le dégoût de vivre avec plus d'énergie. Henri Heine lui-même n'a pas trouvé d'image plus cruelle, plus nette, plus incisive, pour rendre le souhait d'être délivré de cette fatigue, que celle qui semble avoir pris possession de son esprit, car elle revient dans des lettres à des personnes différentes :
Après une réclusion de six semaines, je commence à marcher dans ma chambre. Ce furent six horribles semaines ; l'angoisse et le découragement me rendaient impropre à Ure, à écrire ou penser.
J'ai cent fois souhaité qu'on pût résigner sa vie, comme un officier résigne sa commission, car je ne voudrais pas duper un pauvre malheureux ignorant en la lui revendant. Naguère , j'étais un simple soldat à douze sous de paie et , Dieu le sait , un soldai assez misérable ; maintenant je vais entrer en campagne comme un cadet meurt-de-faim, — dont la pénurie est un peu plus manifeste.
J'ai honte de tout ceci ., car bien que je ne manque pas de bravoure dans le combat de la vie, je voudrais, comme tant d'autres soldats, avoir assez de force d'âme pour simuler le courage ou de ruse pour cacher ma lâcheté 3.
Cette lettre est du 21 Janvier. Le 22 il en écrivait une autre à Miss Chalmers plus découragée et plus inquiétante encore.
Maintenant parlons de cet être imprudent, infortuné, moi-même. Dieu ait pitié de moi ! pauvre sot maudit, étourdi, dupé, malheureux ! le jeu, la misérable victime d'un orgueil révolté , d'une imagination hypocondriaque, d'une sensibilité torturée et de passions dignes de Bedlara !
1 To Miss Chalmers, Dec. 19th, n87.
2 En français.
3 To Jtf« Dunlop, 2lst Jan. 1188.