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en Ecosse lie l'homme à îa femme, pour toutes fins légales *. » Burns tint pendant quelque temps cet engagement secret. Le 28 avril, il écrit à son vieil ami James Smith, qui s'était établi marchand, de lui envoyer un châle pour sa femme, « J'ai l'intention d'offrir à M^ Burns un châle imprimé : c'est un article dont vous devez sûrement avoir un grand choix. C'est le premier cadeau que je lui fais depuis que je l'ai appelée mienne irrévocablement, et j'ai une sorte de fantaisie et de désir que ce premier cadeau me vienne d'un vieil ami estimé. » Et il ajoute : « W^ Burns (c'est seulement sa désignation privée), me charge de vous faire ses meilleurs compliments. » On se souvient que James Smith était à Mauchline au moment des premières amours et était au courant de toute l'ancienne histoire. La fille aînée de Gavin Hamilton se rappelait la première fois où Burns avait révélé sa situation nouvelle ^ C'était chez son père, au déjeuner, auquel prenait part John Aiken. M"^^ Hamilton ayant exprimé le regret de ne pouvoir servir un œuf à Aiken, le poète dit que si elle voulait envoyer de l'autre côté de la route chez IVP Burns, celle-ci en aurait peut-être. Au mois de mai, il signa chez Gavin Hamilton une formule légale ^ qui donna à Jane Armour le droit de porter publiquement son nom. Mais le mariage régulier ne se fit qu'un peu plus tard.

En même temps et comme pour se mettre en règle de tous côtés, il partagea avec Gilbert ce qui lui restait de son édition d'Edimbourg. Gilbert luttait désespérément contre la ruine. « Je m'interposai entre mon frère et le sort qui le menaçait ^. » U lui donna une somme de 180 livres. C'était, dit Chambers *, « à peu près la moitié du capital qu'il possédait lui-même et que, selon toute vraisemblance, il devait jamais posséder. » Il fit cela simplement et franchement. « Je ne m'en fais aucun mérite, car c'était pur égoïsme de ma part. J'avais conscience que le mauvais plateau de la balance était lourdement chargé, et je pensais que mettre dans l'autre plateau, en ma faveur, un peu de piété filiale et d'affection fraternelle pourrait aider à arranger les choses le jour de la grande reddition de comptes s. » Il fut entendu que c'était un prêt sans intérêt, qui équivalait à un don. Et en effet la somme ne fut rem- boursée par Gilbert aux enfants de son frère que vingt-quatre ans après la mort du poète®.

On se rappelle qu'au moment oii Burns avait publié ses poèmes, il

1 Chambers, tom II, p. 258.

2 Scott Douglas, tom II, p. 153.

3 To Dr Moore, 4th Jan. 89.

4 R. Chambers, tom II, p. 253. K To Dr Moore, 411) Jan. 89.

6 R. Chambers, tom IV, p. 223.