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distance ! C'est un plus lourd chagrin pour un homme distingué d'esprit de penser que l'éducation de ses enfants sera insuffisante que de savoir qu'ils seront pauvres.

Malgré toTit, grâce au ciel, je puis vivre et rimer tel que je suis; quant à mes garçons, pauvres petits gars ! puisqiie je ne puis les placer à un degré aussi élevé de la vie que je voudrais, je les établirai, si l'ordonnateur des événements m'accorde la faveur de voir cette époque-là, sur une base aussi large et aussi indépendante que possible. Parmi les nombreux sages proverbes qui ont été recueillis par nos ancêtres écossais, un des meilleurs est celui-ci : « Mieux vaul la tête de la roture que la queue de la gentry » i.

Il était également bon frère. On a vu qu'il avait partagé avec Gilbert les profits de son volume. Carlyle l'en loue beaucoup. Ce qu'on n'a pas assez indiqué c'est que ce sacrifice fut probablement la cause de son entrée dans l'Excise. Cet argent lui aurait permis de franchir les premières mauvaises années, les années des vaches maigres, et d'attendre que le vent tournât. Ce serait lui faire injure que de croire un instant qu'il fut capable de songer à le réclamer.

J'aurais pu avoir de l'argent pour suppléer au déficit de ces années maigres, mais j'ai, dans une ferme en Ayrshire, un frère plus jeune et trois sœurs. Tout le surplus de ce que j'estimais nécessaire pour mon capital de fermage a été pris pour sauver , d'une ruine imminente, non seulement le confort mais l'existence même de ce foyer. Ceci était fait avant que je prisse cette ferme-ci ; plutôt que d'enlever mon argent à mon frère — ce qui le ruinerait — j'abandonnerai ma ferme et j'entrerai immédiatement au service de vos Honneurs 2.

Son plus jeune frère, Williams Burns , découragé sans doute de se faire fermier, par l'exemple de ses deux aînés, avait appris le métier de sellier. Il s'était mis en route pour trouver du travail. Cela ne semble pas avoir été chose facile. Après avoir erré en plusieurs endroits, il s'était installé à Newcastle. Pendant toutes ses pérégrinations, Robert le suit avec une sollicitude paternelle ; il lui donne des conseils , lui écrit des lettres pleines de sages avis pratiques, l'encourage, le soutient. Tout cela en paroles cordiales et dignes.

Si mes conseils peuvent vous être utiles (c'est-à-dire si vous pouvez vous résoudre à prendre l'habitude non seulement d'examiner votre conduite, vos façons, etc., mais aussi celle de mettre en pratique les résolutions que cet examen fera naître d'améliorer vos défauts) , mes petites connaissances et mon expérience du monde sont cordiale- ment à votre service. J'avais l'intention de vous écrire plein une feuille de conseils, mais quelque affaire m'en a empêché. En un mot, apprenez la Taciturnilé. Que cela soit votre devise. Quand vous auriez la sagesse de Newton ou l'esprit de Swift, le bavardage vous rabaisserait aux yeux de vos semblables 3.

1 To Dr Moore. 21th Feb. 1791.

2 To Robert Chaham ofFintry. lOtli Sept. nS8. ^ To William Burns. 2» March 1189.