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l'effort fut continuel et le progrès immense. C'est une période de formation plutôt que de création, et dans laquelle il faut chercher plutôt des germes que des résultats. Au point de vue du caractère, c'est également une époque importante et décisive. « C'est pendant ce temps, dit Gilbert, que les fondements furent posés de certaines habitudes dans le caractère de mon frère, qui, plus tard, ne devinrent que trop proéminentes, et que la malice et l'envie ont pris plaisir à exagérer ^ » Et Robert, lui-même, se rappelant ces jours en apparence insignifiants , écrivait : « C'est pendant cette époque climalérique que ma petite histoire est le plus pleine d'événements - » ; non pas d'événements extérieurs et bruyants comme ceux qui , plus tard, se présentent dans sa vie ; mais de ces petits faits intérieurs et silencieux dont on n'a pas conscience sur le moment, par lesquels une nature se forme, se modifie ou se révèle , et qui grandissent dans les souvenirs jusqu'à y envahir et y étouffer tous les autres. Un grain qui tombe est pour le sillon un événement plus important que tous les orages qui , plus tard, battront l'épi.

La vie continua toujours la même pour la ftimille, une vie de labeur et de frugalité. Les premiers temps furent tolérables. « Pendant quatre années nous y vécûmes confortablement, » dit Robert 2. Ce dut être un soulagement après la vie de Mont-Oliphant. Tout le monde travaillait. Robert et Gilbert recevaient les gages qu'on donnait aux autres ouvriers, d'oii on défalquait les objets de vêtement fabriqués dans la maison par la mère et les sœurs.

I

LA JEUNESSE. — LES PREMIERS AMOURS.

Dès le début de cette période , on retrouve Burns devenu homme. C'est un beau gars, de taille moyenne, robuste, carré, agile quoique d'une structure massive, le teint brun, le front solide, les cheveux noirs, les traits un peu gros, la bouche forte et mobile, el de merveilleux yeux noirs, larges, hardis, étincelanls, « pleins d'ardeur et d'intelligence^»; « sa physionomie avait à première vue un certain air de lourdeur mêlé à une expression de profonde pénétration et de réllexion calme qui tou- chait à la mélancolie'^ ». C'est son expression habituelle. Mais le visage se transforme sans cesse et il prend, avec une rapidité et une force

1 Gilbert' s Narrative.

2 Aulobiographical Lctler lo Z> Moore.

3 Description of Burns compiled by D^ Curric from Accounts by Ihe Associates of the Poel. Scott Douglas, tome IV, p. 388.