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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/461

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Sans écho, sans pitié, sans secoHrs,

Je porte seul mon fardeau de soucis ,

Car silencieux, bien bas, sur des lits de poussière,

Dorment tous ceux qui partageraient mes chagrins.

« Enfin (comble de toutes mes douleurs I)

Mon noble maître est couché dans l'argile ;

La fleur de tous nos hardis barons,

L'orgueil de sa contrée, le soutien de sa contrée !

Je languis maintenant dans une lasse existence,

Car toute la vie de la vie est morte.

Et l'espérance a fui mon regard vieilli ,

Sur ses ailes rapides à jamais envolée.

» Éveille, pour la dernière fois, ta triste voix, ma harpe.

Une voix de détresse et de farouche désespoir ;

Éveille-toi, fais résonner ton dernier lai,

Puis dors dans le silence pour toujours ;

Et toi, mon dernier, mon meilleur, mon seul ami ,

Qui remplis une tombe prématurée ,

Accepte ce tribut du Barde

Que tu as retiré des plus noires ténèbres de la Fortune.

(( Dans le vallon bas et nu de la Pauvreté ,

D'épais brouillards obscurs m'enveloppaient ;

Quoique je levasse souvent un œil anxieux ,

Aucun rayon de renommée n'apparaissait ;

Tu m'as trouvé comme le soleil matinal

Qui fond les brouillards en air limpide ;

Le Barde sans ami et sa chanson rustique

Devinrent tous deux ton cher souci.

« ! pourquoi la vertu a-t-elle des jours si courts.

Tandis que les gredins ont du temps pour mûrir, devenir gris?

Faut-il que toi le noble, le généreux, le grand.

Tu tombes dans la forte fleur de la hardie virilité!

Pourquoi ai-je vécu pour voir ce jour-là,

Un jour pour moi plein de détresse?

! que n'ai-je rencontré la flèche mortelle

Qui a abattu mon bienfaiteur !

« Le fiancé peut oublier la fiancée Dont il a fait hier son épouse , sa femme ; Le monarque peut oublier la couronne Qui est sur son front depuis une heure ;

La mère peut oublier l'enfant

Qui sourit si doucement sur ses genoux ;

Mais je me souviendrai de toi , Glencairn ,

Et de tout ce que tu as fait pour moi. »

Toute la pièce est belle ; il y règne un indicible accent de douleur inconsolable ; surtout la dernière strophe est admirable de simplicité et