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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/460

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Son mérite , son honneur étaient de tous loués ;

Nous le pleurerons, jusqu'à ce que nous parlions comme il est parti ,

Et que nous suivions le sentier spectral vers ce sombre monde incounui.

Cette élégie est d'un accent déchirant. Elle mérite de prendre place parmi la belle suite de poèmes que les plus grands des poètes anglais ont écrits à la mémoire d'amis disparus. On peut même dire que ni le Lycidas de Milton, ni YAstrophel de Spencer, ni XAdonaïs de Shelley n'ont le sanglot qui secoue ces strophes.

Le vent soufflait rauque des collines,

Par intervalles , le rayon mourant du soleil

Jetait un regard sur les bois jaunes et flétris

Qui ondulaient au-dessus du cours sinueux du Lugar :

Sous un escarpement rocheux , un Barde ,

Chargé d'années et de lourde peine.

En haute lamentation , pleurait son seigneur

Que le Trépas avait pris bien avant l'heure.

Il s'était appuyé contre un chêne antique ,

Dont le tronc s'effritait par les ans ; Ses cheveux étaient blanchis par le temps,

Sa joue ridée était mouillée de larmes ;

Et comme il touchait sa harpe tremblante,

Et comme il chantait son chant douloureux ,

Les vents , se lamentant dans leurs cavernes ,

Vers l'Écho en emportaient les notes :

« Vous , oiseaux dispersés qui chantez faiblement ,

Débris du chœur printanier !

Vous , bois qui répandez à tous les vents

Les ornements de l'année déclinante !

Quelques brefs mois et , joyeux et gais ,

Vous charmerez de nouveau l'oreille et le regard ;

Mais rien dans les cycles du temps

Ne peut à moi me ramener la joie.

« Je suis un vieil arbre courbé ,

Qui longtemps résista au vent et à la pluie ;

Mais maintenant est venu une cruelle rafale,

Et c'en est fait de ma dernière attache à la terre ;

Mes feuilles ne salueront plus le priQtemps,

Le soleil d'été n'exaltera plus ma floraison ;

Il faut que je gise devant l'orage

Et que d'autres poussent à ma place

« J'ai vu mainte année changeante.

Je suis devenu un étranger sur terre ;

J'erre au hasard dans les chemins des hommes.

Je ne les connais plus, je leur suis inconnu ;

' Lines to Sir John Whitefoord. I.

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