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II est nécessaire de connaître ces détails et il est utile aussi de savoir que, parmi les petites villes provinciales, Dumfries était une de celles où l'influence des tories était le pins forte K C'était la résidence d'hiver d'un grand nombre de familles nobles du sud de l'Ecosse. Elles y apportaient leurs préjugés et une influence de richesse et de nom qui les rendait dangereux. Lorsqu'un cri s'éleva en faveur d'une réforme parlementaire, le conseil municipal vota des adresses au Roi pour le prier de s'y opposer ^. Dès le commencement de 1793, il se forma une de ces tyranniques associations conservatives, le Loyal Native Club, pour préserver la Paix, la Liberté et la Propriété, et pour soutenir les Lois et la Constitution du, Pays. Elle comprenait les habitants les plus importants de la ville. Le Journal de Dumfries, rendant compte de la façon dont on célébrait la fête du Roi, permet de comprendre l'animosité qui là, comme ailleurs, se mêlait au sentiment tory.

Mardi le 4 Juin 1793 (jour de naissauce du roi Georges III) un dépIoieineDl iuaccou- tuiné de loyalisme s'est manifesté très clairement dans tous les rangs des liabilants de celte ville. En outre de ce que nous avons remarqué la semaine dernière, ce n'est que justice de noter le loyalisme ardent de nos jeunes gens. S'étant procuré deux effigies de Tom Paine, ils les ont promenées par les i)rincipales rues de notre cité et, à six heures du soir les ont jetées dans des feux de joie, aux applaudissements palrioti(pies de la foule qui les entourait 3.

Le matin de cette belle journée, des dames a\ aient apporté au président de l'association des écharpes de satin bleu sur lesquelles elles avaient brodé les mots : « Dieu sauve le Roi ». Les membres du club, à qui ces insignes furent remis, les portèrent toute la journée autour de leurs chapeaux. Il y eut un banquet, avec quatorze toasts bien adaptés, et le quinzième fut « Bien bénisse toutes les branches de la famille royale ». Après (juoi les meud)res de l'association, a\ec leurs bandes bleues, qu'ils por- taient maintenant en écharpe depuis (|u'ils avaient ôté leurs chapeaux, s'en allèrent à l'assemblée ^. Cette description de fête ne serait qu'un peu ridicule, si on ne savait ce que cette organisation cachait de rancunes, de haines, de dénonciations, de mises à l'index, deux fois intolérables et dangereuses dans cette vie étroite de petite ville.

L'attitude de Rurns au milieu de ce conflit ne pou\ ait passer inaperçue ; il était plus que j)ersonue exposé aux regards. Sa célébrité, son don puissant de familiarité, la vigueur de sa déclamation ou de son sarcasme, le rendaient, aux yeux du parti ennemi, un des agents les plus dangereux des nouvelles doctrines. D'autre part, il suffisait qu'il y eût la moindre

1 Lockhart. Life of Burns, p. 223.

- Hislory of Dumfries, by William Mac Dowall, p. 591,

3 Extrait du Dumfries Journal, cilé par W. Mac Dowall. p. 592.