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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/507

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retraite du Prince de Brunswick, une ballade à chanter après boire. Je l'ai chantée à une soirée joyeuse. Je vous l'enverrai éftalement, cachetée, parce qu'elle n'est pas faite pour être lue par tout le monde. Elle est indigne de votie attention, mais dans le cas où M""" la Renonunée, ainsi qu'elle l'a déjà fait, userait ou abuserait de son vieux privilège de mentir, vous aurez en main le pour et le contre de mes écrits et de ma conduite politique.

Mon honoré Patron, ceci est tout. Je défie tout démenti de cet exposé. Des préjugés erronés ou la passion imprudente peuvent m'égarer et m'ont souvent égaré ; mais lorsqu'on me demande de répondre de mes fautes, bien que, j'ose le dire, aucun homme ne ressente de plus perçante componction de ses erreurs, cependant, je crois que personne ne peut être plus que moi au-dessus d'un échappatoire ou d'une dissi- mulation i.

C'est une fort belle lettre, où il s'excuse avec beaucoup d'habileté, sans rien abandonner de ses convictions. Son passage sur le roi est suffisam- ment transparent, et celui sur la nécessité d'une Réforme si net qu'il faillit avoir à s'en repentir. Sa défense manqua de lui être plus funeste que le reste. Le Conseil fut blessé de ses remarques sur la Constitution et chargea un des surveillants généraux, M. Corbet, de s'informer, sur les lieux, de sa conduite, et de lui faire savoir, selon ses propres termes « que mon affaire était d'agir et non de penser et que, quels que fussent les hommes ou les mesures, mon devoir était d'être silencieux et obéissant 2. »

On a essayé de diminuer le danger qui le menaça à ce moment, et on a prétendu qu'il se l'était exagéré,

Ses hérésies sur l'Église et sur l'État Pourraient bien lui valoir le sort de Muir et de Palmer^.

Tout va à prouver, au contraire, que ce danger était sérieux. Le bruit s'était même répandu à Edimbourg qu'il avait été congédié de l'Excise, et John Erskine, comte de Mar, avait eu la pensée d'ouvrir, parmi les amis de la Liberté, une souscription qui aurait dédommagé le poète d'avoir souffert pour elle. Cette généreuse initiative lui valut de Burns une lettre aussi belle que celle qui précède, éloquente, et pleine des sentiments de liberté qui appartiennent aux citoyens d'un pays libre. Il faut la lire aussi, car elle complète l'étude des vrais principes politiques de Burns et elle le montre sous un de ses meilleurs aspects :

« La partialité de mes compatriotes m'a mis en évidence, comme un homme de quelque génie, et m'a donné un nom à maintenir. Comme poète, j'ai proclamé des sentiments virils et indépendants qui, je l'espère, se retrouveront dans l'honune. Des raisons d'un haut poids, qui n'étaient autres que le soulien d'une femme et d'enfants, m'ont désigné ma situation actuelle comme avantageuse, comme la seule que je pusse

1 To Robert Graham of Fintry, Sth Jan. 1193.

2 To John Francis Erskine of Mar, \2^^ April HUS.

3 Epistle from Esopus lo Maria.