Aller au contenu

Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/518

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-507 -

Au mois de janvier de 1793, on trouve un autre aveu du même genre dans une lettre à IVF^ Dunlop. On a là aussi un coup d'oeil attristant dans la vie qu'il menait.

Quant à moi, je suis mieux, bien que pas tout à fait délivré de ma maladie. Il ne faut pas penser, comme vous semblez l'insinuer, que dans ma façon de vivre je manque d'exercice. J'en ai bien assez. Mais ce qui, par moments, est le diable pour moi, c'est de boire trop dur. J'ai contre ce défaut maiule et mainte fois tourné ma résolution, et j'ai en grande partie réussi. J'ai complètement abandonné les cabarets; ce sont les réunions particulières, en famille, parmi les gentilshommes de ce pays-ci, rudes buveurs, qui me font le plus de mal,— mais même cela, j'y ai plus qu'à moitié renoncé i.

C'étaient des résolutions et des espérances qui ne pouvaient pas tenir. Il y a, probablement à l'occasion des réunions dont il parle, un mot bien triste de lui, rapporté par Robert Bloomfield, le poète. A une dame qui lui faisait des remontrances sur le danger qui résultait de la boisson et des habitudes des gens qu'il fréquentait, il répondit: « Madame, ils ne me sauraient pas gré de ma compagnie, si je ne buvais pas avec eux. II faut que je leur donne une tranche de ma constitution ))^. Il semble que, pendant l'année 1793, ce défaut ait redoutablement augmenté chez lui. A la fin de cette année et au commencement de la suivante, on trouve dans l'espace de moins de deux mois, une série de lettres qui sont une des choses les plus affligeantes qu'on puisse lire. Chacune d'elles commence par l'aveu d'excès de la veille et est écrite pour réparer quelque parole inconsidérée, prononcée dans l'inconscience de l'ivresse. Le 5 décembre, il écrivait :

« Monsieur, échauffé par le vin conune je l'étais hier soir, j'ai pu paraître importun dans mon vif désir d'avoir l'honneur de votre connaissance. Vous me pardonnerez : c'était sous l'impulsion d'un respect sincère 3. »

Au mois de janvier 1794, il y a une autre lettre qui conmieuce par ces mots :

« Mon cher Monsieur, je me rappelle quelque chose d'une promesse d'honune gris, faite hier soir, de déjeuner avec vous ce nuUin. J'ai grand regret que cela soit impossible. Je nie souviens aussi que vous avez eu l'obligeance de me dire quehpie chose sur votre intimité a\ ec M. Corbet, notre Inspecteur général. Quelques-uns des membres du Conseil de l'Excise à Edimbourg avaient et ont peut-être encore une opinion défavorable sur moi, conune sur un individu adonné à l'ivresse et à la dissipation. Je pourrais être tout cela, vous le savez, et cependant être un honnête homme ; mais vous savez que je suis un honnête homme et ne suis rien de tout cela ^.

1 To JU" Dunlop, Jan. 2, 1194.

2 D'après une lettre de Bloomfield, le poète, au duc de tiuchan, citée par Croraek, Reliques of Burns, p. 138. Bloomfield tenait le récit de la dame elle-même à qui Burns avait répondu

3 To Caplain ***, S»» Dec. 1793.

4 To Samuel ClarkeJurf. Jan. 1194.