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Observations, Noies, Chansons, Fragments de Poésie, etc., par Robert Burness, un homme qui avait peu l'art àe faire de l'argent et encore moins celui de le garder ; mais qui était, nonobstant, un homme de quelque bon sens, de beaucoup d'honnêteté, cl d'une bienveillance illimitée envers toutes les créatures raisonnables ou non. Comme il doit peu à l'éducation des écoles et qu'il a été élevé au bout d'une charrue, ses œuvres doivent être fortement teintées de sa façon de vivre rude et rustique. Mais comme elles sont, à ce que je crois, véritablement siennes, ce peut être une distraction, pour un observateur curieux de la nature humaine, de voir comment un Laboureur pense et sent sous le poids de l'amour, de l'ambition, de l'anxiété, du chagrin et des autres soucis et passions qui, bien que diversifiées par les modes et les façons de vivre, opèrent à peu près de même, je le crois, dans toute la race i.

A la suite de ce préambule déjà bien caractéristique il avait ajouté un extrait de Shenstone dont il s'appropriait et dont il s'appliquait le sens :

Il y a beaucoup d'hommes dans le monde, à qui pour faire bonne figure il manque beaucoup moins lintelligence nécessaire que l'opinion de leurs propres capacités, qui leur permettrait de relater leurs propres observations et de leur accorder la même importance qu'à celles qui paraissent imprimées i.

Biirns a mis de tout dans ce journal : des confessions personnelles, des réflexions morales, des pièces de vers, des critiques de ses propres pro- ductions oîi il les discute strophe à strophe et vers à vers, des réflexions sur les chansons écossaises, très perspicaces, des projets d'imitation, des études de caractères. On sent qu'il est tout à fait au bord de la produc- tion et qu'à la première occasion son génie va s'envoler.

Tandis que toutes ces choses s'élaboraient en lui, il s'était, comme on peut le deviner, rejeté dans les aventures amoureuses avec plus d'entrain que jamais. On n'aurait pas l'idée de la légèreté avec laquelle il s'enga- geait dans ces intrigues, ni de sa facilité à s'exalter, ni surtout de sa curieuse façon de souffler sur le moindre caprice jusqu'à le chauffer au rouge et le changer en un amour brûlant, si l'on n'avait sous les yeux un des fragments de son journal. Il y a là quelques lignes qui en disent beaucoup sur ses habitudes de cœur. La confession est d'ailleurs dé- pouillée de toute hésitation et de tout artifice : « Ma Peggy dé Montgo- mery fut ma divinité pendant six ou huit mois. Elle avait été élevée dans un genre de vie plutôt élégant. Mais, comme Vanbrugh le dit dans une de ses comédies, « ma maudite étoile me découvrit » là comme ailleurs. Car j'avais commencé l'affaire sim[ûement de ffaité de cœur ; ou. plutôt , pour dire la vérité, qui peut sembler à peine croyable, c'était la vanité de montrer mou habileté à faire ma cour et particulièrement mon talent en ^e/^e^* doux, dont je me suis toujours piqué, qui m'avait fait ouvrir le siège devant elle. Lorsque — ainsi que cela m'arrive toujours

1 Common-place Book. Le début.