Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

- 70 -

Le cœur charitable qui ressentait toute souffrance humaine , Le cœur indomptable qui ne craignait aucun orgueil Iiumain ,

L'ami de l'homme, du vice seul l'ennemi ; k' Car même ses faiblesses penchaient du côté de la vertu i. •

Ils ne disent rien au delà de la vérité. Dans ce petit cimetière, autour de sa tombe, le gazon est usé ; les pas de ceux qui viennent la visiter ont fait un sentier oii l'herbe ne croîtra plus. Il a l'immortalité qui, au cœur des parents, est peut-être la plus douce de toutes, celle qui vient d'un enfant. Il en fut digne parce qu'il fut lui-même admirable. C'est pour des hommes tels que lui qu'a été écrite la belle Elégie de Gray. Il fut, du moins par la noblesse morale, un de ces grands cœurs ignorés qui dorment dans les cimetières de village.

Lorsque les fils revinrent de l'enterrement du père, ils trouvèrent la ruine dans la maison. « Quand mon père mourut, tout son avoir s'en alla aux rapaces limiers d'enfer qui grognent dans le chenil de la justice ^. » Il ne restait plus rien absolument. C'est seulement en se portant créanciers de leur père pour les arrérages des gages dus sur leur travail, que les deux fils et les deux filles aînées arrachèrent aux gens de loi de quoi pouvoir aller travailler ailleurs 3. Mais avant de quitter la maison où William Burnes avait rendu le dernier soupir, Robert écrivit à son cousin une lettre par laquelle on aime à terminer les rapports de ce père et de ce fils.

Le -13 de ce mois j'ai perdu le meilleur des pères. Quoique assurément nous fussions depuis longtemps avertis du coup qui nous menaçait, néanmoins les senti- ments de la nature réclament leur part, et je ne puis me rappeler la chère affection et les leçons paternelles du meilleur des amis et du plus capable des maîtres sans ressentir ce que, peut-être, les dictées plus calmes de la raison condamneraient en partie.

J'espère que les parents de mon père, dans votre pays, ne laisseront pas leurs rapports avec nous s'éteindre en même temps que lui. Pour ma pari, c'est toujours avec plaisir, avec orgueil, que je reconnaîtrai ma parenté avec ceux qui étaient unis, par les liens du sang et de l'amitié , à un homme dont j'honorerai et révérerai toujours le souvenir *.

Ce sont des paroles dignes de celui à qui elles étaient consacrées. Elles expriment bien l'amitié respectueuse qui unissait les fils au père ; on y sent bien aussi ce beau rôle d'instituteur, d'éducateur que William Burnes avait, avec tant de clairvoyance, de persévérance et de sagesse,

1 Epitapli on my ever honoured Fatlier. Le dernier vers est uue citation de Goldsmith.

2 Aulobiographical Letler io D^ Moore.

3 R. Chambers, Tom. I, p. 82,

4 To James Burness. February 17, i784.