Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/10

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idéale et légère de la poésie anglaise est due à l'esprit gaulois. La représentation du milieu physique est inexacte. C'est un exercice littéraire, l'amplification d'une phrase de géographe ancien qui se représenterait, par ouï-dire, une île fabuleuse, je ne sais quelle vague et lointaine Cassitéride, perdue au loin quelque part, aux confins du monde, dans des brumes et des nuées. Mais l'Angleterre n'est pas un roc morose enveloppé d'un éternel brouillard. C'est une contrée fertile, grasse, heureuse et plantureuse autant que les Flandres ou la Normandie, et plus variée. Les terrains, cet élément si important d'un paysage, d'où dépend tout à fait sa nuance et en partie sa température, y sont divers. Elle a ses sites gais, légers de lignes, clairs de couleurs, tournés au soleil et réjouis par lui. L'idée d'un milieu commun est une pure abstraction. Dans une étendue un peu vaste de pays, surtout dans nos latitudes tempérées, il n'y a pas un milieu, il y en a des centaines qui diffèrent à quelques lieues de distance. Un revers d'une chaîne de collines n'est pas le même milieu que le revers opposé. Or, pour étudier l'influence d'un pays sur un homme, il ne faut pas faire une moyenne météorologique entre des limites d'une pure expression géographique, il faut connaître intimement les dix lieues carrées où il a vécu. De même il n'y a pas un milieu moral, il y y en a à l'infini. Tel enfant est élevé dans une ville de province comme il y a cent ans ; tel autre dans un village de montagne ou de côte comme il y a

romanesque qu'ils attribuent à une influence celtique persistante [Origins of English Hintory, p. 226-27.).

Enfin rien ne peut être plus décisif et plus lumineux sur ce point que le travail de Huxley : On Some Fixed Points of Britinh Ethnology. Il dit dans une de ses conclu- sions :. i' En Gaule, le dialecte Tuutonique fut complètement vaincu par le Latin plus ou moins modifié qu'il trouva en possession du pays, et ce qui peut l'ester de sang Teuto- nique dans les Français modernes n'est pas adéquatement représenté dans leur langage. En Grande-Bretagne, au contraire, les dialectes Teutoniqiies ont écrasé les formes de langage qui existaient avant eux et le peuple est beaucoup moins (( teutonique » que son langage. Quelles que soient les proportions dans lesquelles la population qui parlait celtiqne a été accablée, expulsée et supplantée par des Saxons et des Danois, à langue teutonique, il est tout à fait certain qu'aucun déplacement considérable des races à langue celtique ji'a eu lieu dans la Cornouailles, dans le Pays de Galles et dans les Hautes-Terres Ecossaises, et qu'il ne s'est produit ni dans le Devonshire, ni dans le Somersetshire ou en général dans la moitié ouest de l'Angleterre rien qui approchât de la destruction de cette race. Il n'en est pas moins vrai que la langue anglaise, foncière- ment langue teutonique, est parlée maintenant dans toute la Grande-Bretagne, sauf par une fraction insignifiante de la population du Pays de Galles et des Hautes-Terres de l'Ouest. Mais il est clair que ce fait ne justifie en rien la pratique commune de parler des habitants actuels de la Grande-Bretagne comme d'un peuple « anglo-saxon ». Gela est en réalité aussi absurde que l'habitude de parler des Français comme d'un peuple H latin », parce qu'ils parlent un langage qui est, en gros, dérivé du latin. Et cette absurdité devient plus palpable encore lorsque ceux qui n'hésitent pas à nommer» Anglo- Saxon » un homme du Devonshire ou de la Cornouailles, trouveraient ridicule d'appeler du même titre un homme de Typperai-y, encore que lui et ses ancêtres aient parlé anglais aussi longtemps que l'homme de la Cornouaille [Critiques and Adresses). — Cet essai esta lire tout entier; il remet les choses à leur vrai point scientifique et il montre bien la futilité de ces termes de race dont on se sert sans savoir le plus souvent ce qu'ils signifient. Il balaye ces vocables et déblaie le terrain. — On peut lire encore autour de ce sujet, les Origines Cellicœ du D Guest et Cellic Britain du Professeur Rhys.