Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/9

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destruction de l'élément celtique n'est plus admise. On est disposé au contraire à en reconnaître la persistance et l'importance *. En tous cas, la Cornouailles, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande sont des réservoirs assez riches de sang gaulois pour avoir lourni une longue infiltration, et des districts assez pauvres pour que ce courant se soit établi par l'attrait des régions plus riches et des villes. Aussi M. Matthew Arnold a pu soutenir, avec autrement de preuves et de vraisemblance, que la partie

restes d'une race petite et noire de cheveux, dont les noms de tribus sont souvent empruntés aux mots qui désignent les Ténèbres et le Brouillard, et dont l'apparence physique est tout à fait différente /les Celtes hauts et blonds. La même chose a été observée dans les Hautes-Terres d'Ecosse et dans les îles de l'Ouest, où les habitants ont « un singulier air étranger » et « ont la peau brune, les cheveux bruns, les yeux bruns et la stature courte ». Et c'est un fait avec lequel tout le monde est familier que, dans maintes parties de l'Angleterre et du pays de Galles, les gens sont aussi courts et basanés, avec des cheveux et des yeux noirs, et des têtes d'une forme longue et étroite. Il se trouve que tel est le cas non seulement dans l'ancienne Siluria (comprenant les comtés modernes de Glamorgan, Brecknock, Monmouth, Radnor et Hereford) mais dans plu- sieurs districts des pays marécageux de l'est et dans les comtés sud-ouest de la Cor- nouaille et du Devon, avec des parties du Gloucestershire, Wilts et Somerset. Le même fait a été relevé dans les comtés du centre, dans les districts autour de Derby, Stam- ford, Leicester et Loughborough, où on pourrait s'attendre à ne trouver qu'une popu- lation avec deé cheveux et des yeux clairs et où « les noms des villes et des villages montrent que les conquérants Saxons et Danois occupaient la région en nombres écrasants ».

Ces faits rendent extrêmement probable qu'une partie de la population néolithique a survécu jusqu'à nos jours, sans doute avec une amélioration constante provenant de son crois(;mt;nt et de son mélange avec les nombreuses autres races qui ont successivement envahi la Grande-Bretagne » (Origins of English Hisiory, p. 136-138).

1 Sur ce point capital, il suffit de lire les travaux qui sont autre chose que des his- toires à prétendues tendances patriotiques pour savoir à quoi s'en tenir. On peut lire The Pedigree of Ihe English People de Thomas Nicholas. L'auteur indique ainsi l'objet de son travail : « L'objet de cet ouvrage est de suivre, pas à pas, le pi'ocessus à'amalga- maiion de race, dont le résultat a été un peuple composé appelé Anglais, en tenant toujours compte de la proportion dans laquelle ce peuple descend des habitants celtiques de la Grande-Bretagne, généralement appelés les Anciens-Bretons ». Plus loin ; « On a fait usage des recherches des écrivains modernes Allemands, Français et Anglais, en Ethnologie, Philologie et Physiologie, et on pense qu'il en résulte que le caractère mélangé et largement celtique de la nation anglaise est démontré au point de vue des travaux les plus récents de la science et au moyen de leur témoignage ». On lira surtout la Partie III : The argument for Admixture of Race. The question « To what Exlent is Ihe English Nation of celtic origin ? » discussed.

M. Elton dit en parlant des tribus celtiques de l'intérieur : « L'histoire de ces peuples celtiques nous touche de plus près que les maigres traditions des Pietés et des Siluriens, ou même l'histoire plus complète que nous possédons des colons gaulois civilisés. Les Gaulois vivaient surtout dans la partie sud-est de l'Angleterre et leur postérité doit avoir été chassée ou détmite, avec comparativement peu d'exceptions, dans les dernières guerres de massacre. On peut être sûr que les Anglais expulsèrent leurs ennemis « aussi complètement que cela a jamais été possible pour des envahisseurs ». Mais certains des naturels ont dû demeurer dans les cités et places fortifiées, qui restèrent longtemps respec- tées ; quelques-uns des plus puissants chefs peuvent avoir acheté la tranquillité de leur peuple « surtout dans les districts qui étaient occupés par les plus faibles Landes d'aven- tmiers », et des multitudes de femmes celtiques durent être gardées en mariage ou en servitude. Mais on admet que jusqu'au nord du Trent et dans tous les comtés de l'ouest, le caractère de la population ne subit pas de changement considérable. Les signes de l'élé- ment celtique sont apparents dans le ton et même dans l'idiome de quelques-uns des dialectes provinciaux, dans les noms de notre géographie rurale et dans les mots de vie quotidienne employés pour les choses communes et domestiques ; et quelques-uns ont même distingué la présence dans notre littérature d'un coloris brillant et d'une note