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Vous, gamins de Mauchline quand vous allez

A l'école par bandes, tous ensemble,

Oh! marchez légèrement sur son gazon,

Peut-être il était votre père i.

Quand on voyage en Ecosse, il est impossible de ne pas être frappé d'un type très fréquent. Ce sont certains hommes grisonnants mais vigoureux et nerveux. Ce qu'on remarque tout d'abord c'est la chevelure drue, épaisse, raide, emmêlée, revêche, que l'âge n'a pas pu éclaircir, qu'il ne peut même pas dompter, et qu'il semble avoir peine à blanchir. C'est la chevelure caractéristique des portraits de Carlyle et de Hugh Miller, et, s'il est permis de placer une observation personnelle, de la tête de David Masson. Si John Brown, ce grand connaisseur en rapports de physionomies, qui comparait les yeux d'un chien à ceux de la Grisi 2, voulait nous prendre sous sa protection, nous dirions que cette chevelure fait penser au poil touffu, bourru et rageur des terriers écossais. C'est comme l'indice d'un grand fonds de résistance, de natures rugueuses et robustes. Sous « ce chaume », il y a souvent des yeux gris d'acier, petits, enfoncés, très actifs et très pénétrants. Cette physionomie va générale- ment avec quelque chose d'inculte etde négligé dans la mise. L'ensemble est brusque, vigoureux, très sagace et très bon. On y sent une grande puissance de travail et de ténacité. Souvent, il y a sous cet extérieur, beaucoup de science et beaucoup d'humour ; ils ont le coup de dent, et la comparaison du terrier revient pour le moral. C'est un type bien écossais. Burus en a tracé le portrait dans quelques vers sur son ami William Smellie, moitié imprimeur, moitié savant. Il est définitif.

Le pénétrant Willie vint au Crochallan,

Le vieux chapeau à cornes, le surtout gris, toujours les mêmes ;

Sa barbe raide commençait à croître dans sa force ,

Il s'en fallait de quatre longs jours et nuits jusqu'au soir du rasoir ;

Ses cheveux grisonnants, non peignés, farouchement hérissés, couvraient de leur

Une tête sans rivale pour les pensées profondes et claires. [chaume,

Cependant, bien que son esprit caustique fût mordant et âpre,

Son cœur était chaud, bienveillant et bon 3.

Nous parlions du pouvoir de certains mots dans une peinture et de l'effet qui est uniquement dû à ce qu'ils ont de particulier. Nous n'en pourrions pas citer beaucoup d'exemples plus convaincants que celui qui est contenu dans deux vers de ce fragment :

Hisuncomb'd grizzly locks, wild staring, thalch'd A head for thought profound and clear unmatch' d

1 Epitaph for James Smith.

2 John Brown. Rab and his friends.

3 Extempore on William Smellie.