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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/154

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On te trouverait noyé dans le Doon,

Que les sorciers t'attraperaient dans la nuit,

Près de la vieille église hantée d'AUoway !

Ah I bonnes dames, cela me fait pleurer

De penser combien de doux conseils ,

Combien d'avis sages, bien longs.

Les maris dédaignent venant de leurs femmes !

La scène qui suit est vivante. C'est Une scène de cabaret. Tarn a trouvé un bon coin, près d'un bon feu, et s'y est installé. Il a rencontré un vieux compagnon d'ivrognerie. Une amitié attendrie les lie ; ils ont eu si souvent soif ensemble. La nuit s'avance. On devient bruyant, on chante, on frappe les verres sur la table. Il y a dans Tarn un grain de galanterie et de gaillardise. Le voici qui devient aimable avec la caba- retière. Elle s'y prête ; alors l'intérieur est complet ; le savetier raconte ses histoires drôles ; le cabaretier, qui ne voit rien ou feint de ne rien voir, est tout oreilles. Tout cela vivement indiqué.

Mais à notre histoire ! Un soir de marché, Tam s'était planté bien ferme, Au coin d'un bon feu qui flambait joliment. Avec de l'aie mousseuse qui se buvait divinement ;

A son coude, le savetier Johnny,

Son camarade ancien, fidèle, et toujours altéré ;

Tam l'aimait comme un vrai frère !

Ils s'étaient grisés ensemble pendant des semaines !

La nuit s'avançait dans les chansons et le bruit ;

Et toujours l'aie devenait meilleure

L'hôtesse et Tam se faisaient des gracieusetés.

Avec des faveurs secrètes, douces, et précieuses ;

Le savetier disait ses plus drôles histoires ,

Le rire de l'hôte était un chœur tout prêt.

Dehors, l'orage pouvait rugir et bruire, Tam se moquait de l'orage comme d'un sifflet.

Le Souci, furieux de voir un homme si heureux.

S'était noyé dans la bière !

Comme les abeilles s'envolent chargées de trésors.

Les minutes passaient chargées de plaisir.

Les Rois peuvent être heureux, mais Tam était glorieux ,

De tous les maux de la vie il était victorieux.

La façon plus noble, dont est exprimé le passage du bonheur au-dessus de ce quatuor grotesque, était admirée de Wordsvvorth. Sans doute la scène est vulgaire, mais une minute de joie, d'oubli des maux, est une chose si précieuse qu'il convient d'en parler gravement. Il faut être indulgent pour ceux qui 1^ cherchent même dans l'ivresse. Ils essaient, après tout, de l'emporter pour un moment sur le malheur. Il y a là