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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/156

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En effet le temps est affreux et la nuit menaçante. La description de la tempête est faite en deux ou trois traits puissants. La bonhomie et la raillerie reparaissent avec la bataille de Tarn contre les éléments.

Le vent soufflait comme si c'eût été son dernier souffle ; Les averses bruissantes montaient sur les rafales ;

Les ténèbres avalaient les rapides éclairs ;

Bruyant, profond et prolongé, le tonnerre beuglait :

Cette nuit-là un enfant aurait pu comprendre

Que le diable avait pris une affaire en main.

Bien monté sur sa jument grise, Meg, Une meilleure ne leva jamais la jambe , Tarn trottait à travers flaque et boue,

Dédaignant vent, et pluie, et feu ;

Tantôt tenant bien son bon bonnet bleu,

Tantôt fredonnant un vieux refrain écossais,

Tantôt regardant autour de lui avec prudence,

De peur que les esprits ne le surprissent soudain :

L'église d'AUoway n'était plus loin,

Où spectres et hiboux crient chaque nuit.

Comme les sentiments du brave Tam sont bien indiqués ! Il est d'abord tout en courage, et il se rit de ces éclairs et de ces bourrasques. Celles-ci le secouent cependant, et déjà le voici à ce commencement de peur oii on se chante quelque chose pour se rassurer. Il regarde autour de lui; c'est mauvais signe. Il ne peut faire un pas sans rencontrer la place d'un crime ou d'un accident. Ces lugubres souvenirs le hantent; l'orage augmente ; et tout à coup il aperçoit quelque chose d'étrange.

A ce moment, il avait traversé le gué, Où le colporteur périt étouffé dans la neige ; Il avait dépassé les bouleaux et la grosse pierre,

Où Charlie l'ivrogne se cassa le cou ;

Il avait passé par les ajoncs et près du tas de pierres,

Où les chasseurs trouvèrent l'enfant assassiné ,

Il était près de l'épine, au-dessus du puits.

Où la mère deMungose pendit.

Devant lui, le Doon roule ses déluges ;

L'orage redoublant rugit à travers les bois ;

Les éclairs jaillissent d'un pôle à l'autre ;

Près et plus près les tonnerres roulent ;

Quand, flamboyante, à travers les arbres gémissants,

L'église d'AUoway apparut toute illuminée,

A travers chaque ouverture, des rayons s'échappaient,

Et bruyantes résonnaient la joie et la danse.

En d'autres temps, Tam eût été peu rassuré. Mais Jean Grain d'Orge, père du courage, lui soutient le cœur. Ce qu'il voyait était pourtant fait