Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/26

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Elles sont imitées de la poésie de l'époque, ou plutôt de l'époque immé- diatement antérieure ; elles sont plus abstraites ; elles sont écrites en anglais pur 1. Elles sentent plus ou moins l'exercice littéraire. Bien que quelques-unes d'entre elles, comme YElégie sur la Mort de Glencairn, celle sur James Hunier Blair, soient très belles, on peut considérer toute cette portion de son œuvre comme adventice. Si on la retranchait, on perdrait assurément quelques remarquables morceaux, mais Burns n'en resterait pas moins ce qu'il est. C'est, en lui, un détail et une curiosité. Il a été poète écossais, formé par la littérature de son pays. Cependant, là encore, il convient d'examiner les choses de près, et de bien marquer quelles parties de la poésie nationale ont agi sur la sienne.

Si on laisse de côté certains vieux poèmes nationaux, qu'on appelle poèmes épiques, et qui sont plutôt des chroniques rimées, comme le Bruce, de JohnBarbour (1316?-1395j,ou le Wallace, de Henry le Ménes- trel, connu aussi sous le nom d'Henry l'Aveugle (1420 ?-1493 ?), la poésie écossaise, par quelques-unes de ses plus hautes branches, se mêle et se confond avec la littérature anglaise. Quelques différences de vocabulaire, quelques tours ou quelques termes spéciaux, quelques traits indigènes, ne suffisent pas à mettre même une mince haie entre les deux poésies. Le Carnet du Roi, de Jacques I (1394-1437) est une imitation de Chaucer ; le Testament de Cressida, de Robert Henryson (1425 ?-1498 ?) est la conti- nuation du Troïhs et Cressida, du même vieux poète anglais. William Dunbar ( 1450 ?- 1520 ?) « sans hésitation le plus grand des poètes anciens de l'Ecosse »^, continua ces poèmes dans le goût du moyen-âge : le Chardon et la Rose, composé en l'honneur de Jacques IV et de Margaret Tudor, fille aînée de Henri VII d'Angleterre, et le Bouclier d'Or, destiné à « montrer l'influence graduelle et imperceptible de l'amour sur la raison, quand on s'y livre sans réserve ^ », sont des allégories toujours dans le genre de Chaucer. Le Bouclier d'Or est « imprégné, dit Warton, de la moralité et des images du Roman de la Rose et de la Fleur et la Feuille, de Chaucer. * » C'étaient des allégories en retard. On continuait à en écrire en Ecosse, après qu'elles étaient tombées en désuétude en Angle-

1 II suffit de citer au hasard : Lines at Taymoulh ; on Scaring sonw Waler-Fowl in Loch Turil ; To Miss Crvikshank ; Lines written in Friar's Corse Heriiiilage ; The Hermit ; Elegy on Miss Burnel of Monboddo ; Elegy on t/ie Dealh of Sir James Eunter Blair; Lainent of Mary Queen of Scots ; Sketch of a Characler; Prologue for Mr Sitther- land ; I^rologue, on Nerv Ycar's Day Evcning ; Prologue spoken by Ji»" Wood ; Sketch lo C.-J. Fox ; To Ihc Owl ; Verses on an evening view of the Ruins of Lincluden Abbey ; The vowels ; Poetical Address to M' WiUiuin Tyiler ; Epistle froin Esopus to Maria ; First and third Epistles to Robert Graham of Fintry, etc.

2 The Book of Scottish Poems, by J. J. Ross, p. m.

3 Th. Wartoa. History of English Poetry, section xxx, p. 496. i Id. p. 496.