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Ceci n'est pas ma vraie fillette, Toute jolie que soit cette fillette-ci ; Oh ! je connais bien ma vraie fillette A la tendresse qui est dans son œil.

Elle est belle, fleurissante, droite et grande, Et depuis longtemps tient mon cœur captif, Et toujours ce qui charme le plus mon âme. C'est le doux amour qui est dans son œil ^.

On trouve chez lui des images comme celles-ci :

Son joli visage était aussi calme

Qu'un agneau sur l'herbe ;

Le soleil du soir ne fut jamais si doux

Que l'était le regard des yeux de Phémie ^

Ou comme cette autre qui, sous sa forme étroite, fait penser aux images à la fois précieuses, forcenées et passionnées de la Renaissance, si fréquentes chez Shakspeare ^ :

Sa chevelure d'or, sans rivale, ^ Descendait, ruisselait sur son cou neigeux, Et ses deux yeux, comme des étoiles dans les cieux, Sauveraient du naufrage un navire sombrant *.

1 This is no my ain Las s te.

2 Blithe was she.

3 Pour des images de ce genre voir, par exemple, le passage où Roméo se dit, en voyant Juliette regarder le ciel.

Ce n"est pas à moi qu'elle parle :

Deux des plus telles étoiles dans tout le firmament,

.Ayant quelque chose qui les appelle, supplient ses yeux

De briller à leur place jusqu'à ce qu'elles reviennent.

Quoi 1 Si ses yeux étaient là-haut, et les étoiles dans sa tête,

L'éclat de sa joue effacerait ces astres,

Comme la lueur du jour efface une lampe ; ses yeux dans le ciel

Répandraient une telle lumière dans les régions aériennes

Que les oiseaux se mettraient à chanter, pensant que ce n'est plus la nuit.

Roméo, Acte ii, scène 2.

Et pour l'image du navire sauvé, voir celle qui est dans Othello, quand Cassio raconte que le navire a été épargné parce qu'il portait Desdémona.

Les tempêtes elles-mêmes, la mer enflée et les vents hurlants,

Les rochers déchirés, les sables amoncelés,

Tous traîtres cachés pour saisir la carène innocente,

Comme s'ils avaient conscience de la beauté, oublient

Leur nature destructive, et laissent passer en toute sûreté

La divine Desdémona.

{Othello, Acte ii, scène 1).

L'image de Burns n'est d'ailleurs pas très éloignée de la métaphore de Pétrarque : « De même que le nocher fatigué est contraint, par la fureur des vents, à lever les yeux vers les deux lumières qui brillent sans cesse au pôle, ainsi, dans la tempête d'amour que j'essuie, les yeux brillants de Laure sont mon guide et mon seul confort. » {Sonnets et Canzones pendant la vie de Madame Laure). Ganzone vui {Traduction de Francisque Reynard).

4 Molly's meck.