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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/327

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reprend la place qui lui revient dans toute représentation lidèle de la comédie humaine. Burns était trop dégagé d'entraves de ce côté, pour ne pas avoir toute sa liberté. Il reprend, dans le vieux fonds de joyeuseté populaire, cet éternel sujet, et il le traite avec le sans-gêne, la franchise et la gaîté des vieux fabliaux gaulois.

Etait-ce ma faute? — Etait-ce ma faute ?

Etait-ce ma faute ? Elle me l'a demandé ;

Elle me guettait sur le bord de la grand'route,

Et elle m'a conduit par le pelit sentier ;

Et comme je ne voulais pas entrer,

Elle m'a appelé poltron;

Quand même l'église et l'état auraient été sur le chemin,

Je suis descendu de cheval quand elle me l'a dit.

Si adroitement, elle m'a fait entrer,

Et m'a recommandé de ne pas faire de bruit :

^v Car notre vieil homme rude et dur

Est de l'autre côté de la rivière ».

Celui qui dira que j'ai eu tort

Quand je l'ai embrassée et caressée,

Qu'on le plante à ma place,

El qu'il dise ensuite si j'étais le fauteur ?

Pouvais-je honnêtement, pouvais-je honnêtement,

Pouvais-je honnêtement la refuser ?

J'aurais été un homme à blâmer

De la traiter sans douceur.

Il l'écorchait avec le peigne à chanvre,

Il la meurtrissait rouge et bleu.

Quand un tel mari n'était pas à la maison,

Quelle est la femme qui ne l'aurait excusée?

J'essuyai longtemps ses yeux si bleus.

Et je maudis le brutal chenapan ; Et je sais bien que sa bouche avenante Était comme du sucre candi. C'était vers le crépuscule, je crois,

Que je m'arrêtai le lundi.

Je ressortis dans la rosée du mardi,

Pour aller boire du cognac chez le joyeux Willie ^.

Ce ne sont là que les situations saillantes et les hauts-reliefs de la vie. Dans les intervalles, dans les situations de détail, dans les recoins de sentiment, s'intercalent des chansons qui complètent cette scène déjà si variée. Ce sont parfois de simples riens, jetés en l'air, au hasard, tels que ceux qu'on fredonne sans penser, en suivant une route. Et cepen- dant ils contiennent leur petit grain d'observation ou de gaîté. En

1 Had I the Wyte.