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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/329

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Les gars aiment les fillettes,

Et les fillettes, les gars.

Nous étions tous endormis, eadormis, endormis,

Nous étions tous endormis à la maison 1.

Parfois, ce sont de légers épisodes d'une nuance un peu différente de ceux qu'on a déjà vus et qui se groupent autour d'une même situation. Ainsi, parmi les jeunes filles qui vont trouver les commères pour con- sulter leur expérience, il y en a une qui désire savoir de quelle couleur sont les hommes en qui on peut avoir confiance. Ce n'est rien : quatre strophes de quatre vers. Cependant la scène y est tout entière et fort jolie. On voit arriver la fillette tout occupée, comme il sied à son âge, de cette obscure question. Comme elle ignore encore que ce problème est du domaine de la méthode expérimentale, elle fait appel à l'autorité. Elle vient timidement consulter une vieille matrone qui a fait sur ce sujet des études comparées. Dans quelle incertitude d'esprit, dans quelle confusion de couleurs, la pauvrette doit s'en aller !

« Dites-moi, dame, dites-moi, dame,

Et nulle ne peut mieux le dire,

De quelle couleur doit être l'homme,

Pour aimer vraiment une femme ? »

La vieille femme s'agita en tous sens,

Se mit à rire et répondit :

« J'ai appris une chanson dans Annandale :

Pour ma lady, un homme noir ;

Mais pour une fillette des champs comme toi,

Ma petite, je te le dis sincèrement, Je me suis accommodée de cheveux blancs,

Et les bruns font fort bien l'affaire.

Il y a beaucoup d'amour dans les cheveux noir de corbeau.

Les blonds ne deviennent jamais gris,

11 y a ^' de l'embrasse et serre-moi > dans les bruns,

Et de vraies merveilles dans les roux ^ ».

Ce n'est pas tout. 11 va, au fond des anciennes chansons écossaises, une veine de plaisanteries gaillardes et grivoises, parfois un peu grasses, mais pleines de gaité et de bonhomie. Elles rappellent singulièrement notre gauloiserie. C'est le même rire goguenard, bon enfant et réjoui, sur les mêmes sujets qu'on devine. Ce sont de ces histoires ou ces plai- santeries salées qu'on se raconte avec un clin d'oeil et un coup de coude. Elles sont plus drues et plus gaies dans les chansons écossaises que dans

1 Guid E'en lo You, Kïinmer.

2 Come rede me, Dame.

n. 20