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annockburn. Celte pensée , pendant mes promenades du soir, hier, m'échauffa jusqu'à un accès d'enthousiasme sur le thèjne de la liberté et de findépendance ; je le jetai en une sorte d'ode écossaise, adaptée à lair, et qu'on peut supposer être le discours du vaillant roi écossais à ses héroïques compagnons, e matin de ce jour mémorable.! „

II était impossible que des poésies conçues de cette façon ne fussent pas imprégnées de musique. Toutes ces chansons, qui ont un air à leur origine et qui ne sont pour ainsi dire que des mélodies ayant pris parole,' sont faites pour être chantées. La forme littéraire ne révèle que la moitié de ce qu'elles renferment. Elles sont en réalité quelque chose de plus complet et de plus profond : de légers et parfaits exemples de l'inexpri- mable et incompréhensible union de la pensée et de la musique.

Pendant les dernières années de sa vie, il a marché dans une véritable atmosphère de chansons. Son cerveau n'était jamais sans plusieurs airs qui y chantaient ensemble. Â la moindre occasion, il s'établissait entre un de ces airs et une idée un rapport soudain, d'où une chanson sortait. Il avait généralement plusieurs chansons, qu'il prenait, laissait, menait de front. « Je prends l'une ou l'autre, selon que l'abeille du moment bourdonne sur mon bonnet ^ ». L'image est jolie et juste. C'était, en effet, autour de son front un continuel bourdonnement musical, comme d'une ruche. A chaque instant, une abeille d'or prenait son vol, vibrante et chargée d'un miel immortel. Il s'en est échappé ainsi, de ces années sombres et désespérées, tout un essaim joyeux et brillant qui voltigera sans cesse dans les mémoires humaines. Ses dernières productions, alors que la maladie l'accablait et que la mort l'avait déjà pris par la main, furent des chansons. Les derniers vers qu'il ait écrits sont du 12 juillet 1796, neuf jours avant qu'il ne s'éteignît :

^> La plus belle fille sur les bords du Devon,

Du limpide Devon, du sinueux Devon,

Veux-tu cesser de froncer tes sourcils, Veux-tu sourire comme lu avais coutume ? ^

Sa vie littéraire se termine comme elle avait commencé, par une chanson d'amour.

Il a été, pour son propre compte et de son propre crû, un grand poète de chansons. Ses émotions et ses fantaisies lui ont fourni ses pièces les plus achevées. La chanson sur !\Iary Davidson, celles sur Mary Campbell, ou Jane Lorimer, et, dans un genre différent, son ode de Bruce, sont

1 To G. Thomson, ist Sept. HQS.

2 To G. Thomson, Nov. 14th 1792.

3 Fairest Maid 0' Devon Banks.