Page:Angers - Les seigneurs et premiers censitaires de St-Georges-Beauce et la famille Pozer, 1927.djvu/20

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sa vie, il avait l’habitude de passer presque tout son temps sur le seuil de sa porte, revêtu d’une robe de chambre, culotte courte, souliers à boucles et coiffé d’un bonnet rouge. Il aimait à faire la causette et à fumer sa pipe sur le perron qui avançait quelque peu sur le trottoir.

Le conseil de ville, un jour, passa un règlement ordonnant aux Québécois d’enlever tous les obstacles qui empiétaient sur la vote publique, y compris le perron de notre millionnaire.

M. Pozer, secondé d’ailleurs par plusieurs citadins, ne voulut pas se soumettre à cet acre d’autorité civique, qui venait le troubler dans la paisible possession de son perron, décida de résister à la loi. La cité le poursuivit, mais il se défendit ; cette cause mit toute la ville en émoi. M. Pozer se rendit même à Kingston porter ses plaintes au pied du Gouverneur qui le renvoya en lui conseillant de se résigner. Mais notre propriétaire ne voulut rien entendre ; tenace et têtu, il plaida et perdit. Il eut des frais considérables à payer et la perte de son perron fut un des plus grands chagrins de sa vie.

Le millionnaire Pozer était un économe, très indépendant du « qu’en dira-t-on », et cependant il jouissait de la considération publique. Comme un des juges de paix de la cité de Québec, il siégea très souvent et ses jugements étaient toujours impartiaux et équitables.

Le premier seigneur d’Aubert-Gallion allait, dit-on, assez souvent visiter ses domaines de St-Georges et de St-Etienne.

Il s’y rendait à pied et emportait ses provisions. Le long de la route, le soir venu, une maison d’habitant lui servait d’hôtel. Ses séjours, à St-Georges surtout, étaient fréquents. Le moulin à farine qu’il y fit bâtir vers 1818 et le manoir qu’il construisit vers 1830 devaient requérir ses soins et sa surveillance, et il lui fallait aussi faire régner la paix parmi les colons allemands.

Ses livres d’affaires étaient aussi bien tenus que ceux de nos financiers d’aujourd’hui. On y constate