Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

divorce. Celui qui avait été son époux lui demande avec instance son amour. » Voici le jugement de la vicomtesse de Narbonne : « L’amour entre ceux qui ont été unis par le lien conjugal, s’ils sont ensuite séparés, de quelque manière que ce soit, n’est pas réputé coupable, il est même honnête. »

Voici encore une question posée à l’un de ces tribunaux : « Un chevalier divulgue des secrets amoureux ; tous ceux qui composent la milice d’amour (in castris militantes amoris) demandent souvent que de pareils délits soient vengés, de peur que l’impunité ne rende l’exemple contagieux. » La cour d’amour de Gascogne répond de la manière suivante : « Le coupable sera désormais frustré de toute espérance d’amour ; il sera méprisé et méprisable dans toute cour de dames et de chevaliers ; et si quelque dame a l’audace de violer ce statut, qu’elle encoure à jamais l’inimitié de toute honnête femme. »

Que de tels jugements soient bien dans les idées du temps, cela est tout à fait vraisemblable. Mais qu’ils aient jamais été rendus « en forme » comme disent les juristes, c’est toute une autre question. Laissons d’abord de côté les renseignements que Raynouard et d’autres, avant et après lui, ont tirés de Nostradamus. Ils ne méritent pas créance, quand on connaît la méthode de cet historien fantaisiste. Suivant son habitude il a transformé, amplifié ou dénaturé quelques menus faits qu’il a recueillis en lisant les troubadours.