Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/103

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en faisaient partie, ajoutant aux noms des femmes citées par les troubadours ceux que sa fantaisie lui suggérait. Il y avait Stéphanette, dame de Baux, Phanette de Gantelme, qui fit l’éducation de sa nièce, Laurette de Sade, la Laure de Pétrarque, et autres nobles dames aux noms gracieux. Ces cours étaient d’ailleurs des cours mixtes et les chevaliers pouvaient en faire partie.

Les jugements étaient rendus d’après un code poétique dont voici quelques extraits : « Le mariage n’est pas une excuse légitime contre l’amour. » « Qui ne sait cacher ne sait aimer. » « Personne ne peut avoir deux attachements à la fois. » « Le véritable amant est toujours timide. » « L’amour a coutume de ne pas loger dans la maison de l’avarice. »

Les jugements rendus d’après ces principes ne manquent pas de piquant ni d’originalité. Voici celui qui est soumis à la cour de la vicomtesse Ermengarde de Narbonne : « Est-ce entre amants ou entre époux qu’existe la plus grande affection, le plus vif attachement ? » La réponse du tribunal est la suivante : « L’attachement des époux et la tendre affection des amants sont des sentiments de nature et de mœurs tout à fait différentes. Il ne peut donc être établi une juste comparaison entre des objets qui n’ont pas entre eux de ressemblance et de rapport. »

Autre question : « Une dame, jadis mariée, est aujourd’hui séparée de son époux, par l’effet du