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avoir changé depuis le moyen âge. La ligne qui sépare les deux langues de la France part de la rive droite de la Garonne, à son confluent avec la Dordogne, remonte vers le nord, en laissant Angoulême dans le domaine de la langue d’oïl et en dépassant Limoges, Guéret et Montluçon ; elle redescend ensuite vers Lyon par Roanne et Saint-Étienne.

Une partie du Dauphiné (jusqu’au-dessous de Grenoble), la Franche-Comté (jusqu’aux environs de Montbéliard) et les dialectes romans de la Suisse forment un groupe linguistique que le savant Ascoli a dénommé franco-provençal[1], à cause des traits communs aux langues française et provençale que présentent les dialectes de cette région.

En redescendant vers la Méditerranée la frontière linguistique se confond avec la frontière politique, sauf en ce qui concerne le Val d’Aoste qui appartient au franco-provençal et quelques villages italiens de langue d’oc.

Au sud-ouest, la limite linguistique dépassait de beaucoup les limites de la France actuelle ; car le catalan, avec Barcelone, Valence et les îles Baléares est du domaine de la langue provençale.

La région que nous venons de délimiter à grands traits comprenait, comme aujourd’hui, plusieurs dialectes. Les principaux étaient le limousin, qui voisinait avec les dialectes de la langue d’oïl (saintongeais et poitevin), le gascon, qui occupait, à peu près comme aujourd’hui, la boucle formée par la Garonne, le languedocien, les dialectes d’Auvergne

  1. Les limites approximatives du franco-provençal sont données d’après la première carte du Grundriss de Grœber, t. 1.