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se farde ; elle n’écoute pas les galanteries, et tout parfait amant en a obtenu bonne récompense.

Ma dame est d’une beauté si parfaite que je n’y désire aucune amélioration ; car jamais femme des deux lois (ancien et nouveau Testament) n’atteignit un si haut mérite. Sa valeur est si grande que tout ce qu’elle fait plaît à Dieu… et ceux qui la prient sont plus nombreux que ceux qui prient toute autre dame.

Nous pouvons arrêter là cette étude sur la poésie religieuse ; non qu’il n’y ait d’autres monuments postérieurs à ceux que nous venons de citer, et qui sont de la fin du xiiie siècle. Au contraire le xive siècle voit le triomphe de ce genre nouveau ; c’est même le seul genre admis par l’école toulousaine ; mais d’abord, la poésie provençale du xive siècle n’a que la langue de commune avec la poésie des troubadours ; et puis, dans cette longue série de pièces consacrées à la Vierge couronnées aux Jeux Floraux de Toulouse pendant le xive siècle, il en est peu qui méritent d’être tirées de l’oubli. Il suffira d’en dire quelques mots à propos du dernier troubadour.

On a observé que la transformation de la lyrique « courtoise » en poésie religieuse avait pu se produire facilement. En effet l’amour terrestre et l’amour divin ne s’expriment pas en deux langues différentes ; le langage des mystiques n’est pas autre chose qu’une variété du langage de l’amour et on transformerait sans peine une page de sainte Thérèse en déclaration amoureuse. De plus la conception que l’ancienne poésie provençale s’était faite de l’amour se prêtait à cette transformation ; mais la conception