Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/239

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troubadours qui ont séjourné en Italie. Il faudrait encore citer après lui Aimeric de Péguillan, troubadour toulousain exilé à la cour de Frédéric II, Guillem Figueira, l’auteur de l’énergique sirventés contre Rome, Uc de Saint-Cyr, auteur de biographies des troubadours, qui se trouvait encore en Italie vers 1247, et bien d’autres.

Mais il est temps de quitter le Nord de l’Italie ; transportons-nous en Sicile. C’est là, dans cette partie de l’ancienne Grèce, où s’étaient succédé les civilisations arabe et normande, qu’apparaissent dans la première moitié du xiiie siècle, les premiers monuments de la poésie italienne ; la cour de l’empereur Frédéric II devient un centre poétique. Ces premiers bégaiements de la poésie italienne ne portent aucune marque d’originalité ; tout — sauf la langue qui est empruntée à la Toscane — est pris aux troubadours. « Le contenu de la poésie provençale, dit un des meilleurs historiens de cette école, passe dans une autre langue, sans changer ; seulement il s’affaiblit. » L’amour chevaleresque réapparaît en effet dans les poésies de l’école sicilienne avec le type conventionnel qu’il avait depuis longtemps dans la poésie des troubadours.

« L’amour est une humble et suppliante adoration de la femme. Le vasselage amoureux, l’obéissance absolue à sa dame rappellent à tout instant des traits connus de la poésie provençale. L’amant est humble et suppliant, la dame souvent fière et dédaigneuse[1]. » Enfin un des éléments essentiels de la

  1. Gaspary, op. laud., p. 53. Cf. pour le paragraphe suivant Gaspary, ibid. et Hauvette, Littérature italienne, p. 49.