Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/240

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doctrine courtoise était que l’amour est un principe de valeur morale ; les Siciliens n’ont garde d’oublier ce précepte. Rien ne manque dans cette imitation qu’un peu de vie et de flamme. Les poètes de cette école, dès les origines de la littérature italienne, ressemblent à des épigones ; ce sont des troubadours de la décadence, répétant par simple jeu d’esprit, par amusement, pour ainsi dire, des pensées devenues depuis longtemps des lieux communs.

La société sicilienne ressemblait peu d’ailleurs à la société du Midi de la France. Il y avait sans doute, en Sicile, une féodalité puissante et guerrière, mais elle était tenue en tutelle par Frédéric II et ses légistes ; c’est à la cour de l’empereur seulement que la poésie se développa. La vie qu’elle aurait pu reprendre au contact de la société féodale lui fut refusée. Aussi n’est-ce pas dans cette partie de l’Italie que la poésie des troubadours, transplantée, a pris de fortes racines et produit en abondance fleurs et fruits ; c’est au Nord qu’elle a trouvé des conditions plus favorables, si favorables même qu’un très grand nombre de troubadours d’origine italienne se sont servis uniquement de la langue provençale dans leurs poésies.

Notre intention n’est pas de les énumérer tous, pas même de donner une idée des principaux d’entre eux. Plusieurs chapitres seraient à peine suffisants. Il faut nous contenter de citer quelques-uns des plus connus, avant d’arriver au principal.

Il y en a plus d’une trentaine. Parmi eux Albert,