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Riquier, séjourna près de dix ans à la cour de Castille.

Voici comment une peinture du temps nous représente cette cour à Tolède. « Le roi est en train de dicter, entouré d’une foule de maîtres et de troubadours, de clercs, de jongleurs et de jongleresses, suspendus à ses lèvres, les uns l’écoutant et l’admirant, d’autres chantant et adaptant une mélodie à ses paroles sur la viole ou sur le luth. » Ce tableau pittoresque paraît des plus exacts. Alphonse X était poète, comme on va le voir tout à l’heure ; il fit traduire de nombreux ouvrages scientifiques et dota la Castille d’un code célèbre connu sous le nom des Sept Parties. C’était un roi savant et non un roi « sage » comme on l’appelle quelquefois en prenant à contresens le mot espagnol « sabio ». La fin de son règne fut attristée par toutes sortes d’infortunes. Les troubadours quittèrent la cour de Castille et n’y reparurent plus. À ce moment d’ailleurs la poésie lyrique que l’Espagne n’avait pas connue était dans tout son éclat en Galice et en Portugal.

Le nombre des troubadours qui ont séjourné en Espagne est sensiblement plus grand que celui des troubadours qui ont vécu en Italie. Cependant leur influence y a été, en un certain sens, moins profonde. Laissons de côté la Catalogne, qui, au point de vue linguistique, n’est qu’une province de la langue d’oc : les troubadours qu’elle a produits sont d’ailleurs médiocres, et, sauf une ou deux exceptions, ne peuvent se comparer aux troubadours italiens qui