Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autres pays que le Midi de la France. Pour conclure, le Portugal paraît avoir eu une poésie autochtone ; mais c’est l’influence des troubadours provençaux qui en a fait une poésie courtoise. Si le problème est encore discuté dans le détail, la solution est depuis longtemps acceptée.

Transportons-nous maintenant de l’extrémité de la péninsule ibérique aux bords du Danube où a fleuri la poésie des premiers Minnesinger[1]. On divise l’histoire des Minnesinger en deux périodes : la première comprend les poètes de l’école austro-bavaroise, dont l’activité poétique s’est exercée surtout dans la vallée du Danube, en Bavière et en Autriche. Cette première période serait celle de la poésie populaire. « Le chant d’amour courtois, dit un historien de la littérature allemande, sortit, en Autriche et en Bavière, de la chanson d’amour populaire. Encore aujourd’hui les habitants des Alpes bavaroises et autrichiennes se distinguent par le don d’une hardie improvisation musicale. Il faut y voir un héritage des temps primitifs. De courts chants d’amour n’étaient pas plus étrangers aux vieux Ariens et aux Germains qu’à tous les autres peuples de la terre, même les plus humbles… Les chants d’amour populaires volèrent comme des fils à la Vierge, des vertes prairies sur lesquelles dansaient les paysans, jusqu’aux châteaux des nobles[2]. »

La deuxième période est l’époque de l’école rhénane. On s’accorde à reconnaître l’influence de la poésie française et provençale sur les poètes de cette

  1. Ici encore nous ne citerons, en fait de bibliographie, que l’indispensable.

    W. Scherer, Geschichte der deutschen Litteratur, 2e édit., Berlin, 1884.

    Kock et Vogt, Geschichte der deutschen Litteratur, 2e éd., Leipzig.

    Textes : Des Minnesangs Frühling, Berlin, 1888 ; K. Pannier, Die Minnesänger, Gœrlitz, 1881.

    A. Lüderitz, Die Liebestheorien der Provenzalen bei den Minnesingern der Stauferzeit, Berlin, 1902. (Autre édition plus complète dans les Literarhistorische Forschungen, Berlin, 1904.)

    A. Jeanroy, Origines, p. 270-307.

  2. Scherer, op. laud., p. 202.