Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/28

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de l’ordre des frères Prêcheurs par saint Dominique, et de nombreux ordres religieux, pendant le xiiie siècle, produisirent un changement sensible dans la société. Le goût des choses religieuses, de l’orthodoxie surtout fut restauré. On ne s’intéressa plus à la poésie purement profane. On ne comprit plus le paganisme qui animait la poésie de l’âge précédent. Deux troubadours de la décadence nous avouent — et ces témoignages, quoique rares, sont précieux — que d’après les gens d’Église la poésie est un péché. Cet aveu est caractéristique ; il est l’indice d’une nouvelle conception de la vie et de la poésie. C’est en ce sens qu’on peut dire que le développement de l’esprit religieux a contribué à hâter la décadence de l’ancienne poésie.

L’histoire de cette poésie est donc brève ; sa vie est courte et elle meurt jeune, comme ceux qui sont aimés des dieux. Diez le premier a divisé son histoire en trois grandes périodes, celle de son développement, celle de son âge d’or et celle de sa décadence. La première va, d’après lui, de 1090 à 1140 ; la deuxième de 1140 à 1250 ; la troisième de 1250 à 1292. Les dates qui marquent ces périodes n’ont rien d’absolu. Mais d’une manière générale elle les limitent assez bien.

C’est entre 1140 et 1250 que Diez place la période la plus florissante de la poésie provençale. Si l’on avait le goût des divisions et des subdivisions, on pourrait en établir dans cet espace de plus d’un siècle ; on montrerait sans peine que les plus grands