Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

troubadours appartiennent à la fin du xiie siècle et que les germes de décadence sont déjà sensibles dès le début du xiiie. Mais à quoi bon établir des distinctions oiseuses ? Une période d’histoire littéraire, surtout au moyen âge, ne se laisse pas limiter avec une rigoureuse précision. Admettons donc d’une manière générale les dates fixées par le premier historien de la poésie des troubadours.

Nous pourrions arrêter ici cette vue sommaire de l’histoire de la poésie provençale. Mais il n’est pas sans intérêt de donner, pour terminer cette introduction, un aperçu rapide de la poésie de la langue d’oïl à cette époque. Cette comparaison, en faisant ressortir l’originalité de la lyrique provençale, montrera aussi quelles lacunes graves on remarque dans la littérature de la langue d’oc.

Par ses origines connues la poésie des troubadours est à peu près contemporaine de la Chanson de Roland. Sa période de splendeur correspond à une période de même éclat dans la poésie épique française. La fin du xiie siècle, qui marque dans la France du Midi la période la plus brillante, est l’époque où naît dans la France du Nord la poésie narrative et courtoise. Aux poésies des troubadours correspondent vers la fin du xiie siècle les romans d’aventures du grand poète champenois Chrétien de Troyes ; c’est l’époque où il chante d’Iseut la blonde, d’Érec et d’Énide, du Chevalier au Lyon, de Lancelot du Lac et de Parceval le Gallois.

C’est à cette époque aussi que se placent les pre-