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ont contribué à la diffusion de la poésie méridionale.

Elle était connue en « France » (et ce mot ne désignait alors que les pays de langue d’oïl) pendant la deuxième moitié du xiie siècle. On y avait le sentiment de ses origines et on désignait les nouvelles formes poétiques qu’elle y introduisit sous le nom de sons « gascons » ou « poitevins ».

Les plus anciens poètes de cette école dite provençalisante sont Conon de Béthune, né en 1155 ; Chrétien de Troyes, l’auteur de tant de gracieux romans d’aventures, qui vécut à la cour de Marie de Champagne, entre 1170 et 1180 environ ; Jean de Brienne, plus tard roi de Jérusalem, Blondel de Nesles, Gui Couci, Gace Brulé, etc. La traduction de quelques-unes de leurs chansons fera mieux connaître l’esprit qui anime leur poésie. On y remarquera sans peine les traits les plus connus des chansons provençales : le désespoir sincère ou non du poète à qui ne vient aucun bien d’amour ; l’assurance de sa fidélité à une amante dédaigneuse ou cruelle, et autres lieux communs de la poésie courtoise.

Les chansons de Conon de Béthune, qui est un des plus anciens trouvères de cette école, nous conduisent à la cour de la comtesse de Champagne. Conon de Béthune n’avait pas, paraît-il, le langage correct des Champenois et des Parisiens, car il se plaint dans une de ses chansons que la comtesse et ses amis se sont moqués de lui.