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Lunel, Serveri de Girone ; mais aucun de ceux-là ne peut supporter la comparaison avec les troubadours de l’époque classique ; la décadence a bien commencé.

Guiraut Riquier était né à Narbonne, vers 1230 ou 1235, d’une famille sans doute obscure. Le vicomte de Narbonne, dont il fut le protégé, était le descendant de la vicomtesse Ermengarde, qui, au siècle précédent, avait attiré auprès d’elle quelques-uns des plus illustres troubadours. Il était resté, dans ce milieu, quelque chose de ces traditions.

Narbonne était alors une des villes les plus importantes du Midi, peuplée de bourgeois et de commerçants ; elle était, en partie, une ville cosmopolite et possédait une colonie juive très puissante, qui y fut toujours traitée avec la plus grande tolérance.

« Narbonne est belle », dit Charlemagne dans Aymerillot. Le trouvère du xiiie siècle, Bertrand de Bar-sur-Aube, que Victor Hugo imite, en fait la description suivante :

Entre deux roches, au bord d’un golfe, Charlemagne vit, sur une colline, une ville que les Sarrasins avaient fortifiée… Il y avait vingt tours, construites de liais brillant, et au centre une autre tour admirable… Au-dessus du palais principal était une boule d’or fin ; on y avait enchâssé une escarboucle qui flamboyait aussi vivement que le soleil qui se lève au matin… D’un côté de la ville s’étend le rivage de la mer ; d’autre part coule l’Aude aux flots impétueux, qui amène aux habitants toutes les richesses qu’ils peuvent désirer.

On ne sait où Bertrand de Bar-sur-Aube a pris les éléments de cette description. On chercherait en